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Apologie du fascime: l’Italie bataille autour d’un projet de loi

Le Vif

Une proposition de loi punissant la propagande fasciste, actuellement débattue en Italie, oppose les défenseurs de la liberté d’opinion aux partisans de la lutte contre toute forme d’apologie du régime de Mussolini.

Proposée par le député Emanuele Fiano, membre du Parti démocrate (centre-gauche, au pouvoir), le texte prévoit de punir « quiconque fait la propagande des images ou de contenus propre au parti fasciste ou au parti nazi allemand ».

Une mesure qui vient compléter deux textes déjà en vigueur (depuis 1952 et 1993) en proposant de punir désormais également les actes individuels, comme le salut fasciste, ou encore la « production, la distribution ou la vente de symboles représentant des personnes ou des symboles », du fascisme ou du nazisme.

Quelqu’un qui vendrait, par exemple, des petites statuettes à l’effigie du Duce s’exposerait à une peine allant de six mois à deux ans de prison. Le texte introduit une circonstance aggravante lorsque la propagande est véhiculée via internet.

« Mesure liberticide et arbitraire », s’est empressé de protester le Mouvement 5 Etoiles (populiste) qui, sur ce dossier, n’a pas tardé à recevoir l’appui de la Ligue du Nord (anti-immigration, europhobe) et de la petite-fille du Duce, l’eurodéputée (PPE, droite) Alessandra Mussolini.

« L’Italie ne devrait pas avoir peur de son passé, mais résoudre les problèmes du présent. Le plus important, c’est la tolérance et sur ce plan nous sommes un pays en avance par rapport au racisme et à l’antisémitisme », a déclaré l’élue, ajoutant avec ironie: « Et moi, si je porte un T-shirt avec +Vive grand-père+ écrit dessus, on me jette en prison? ».

Forza Italia, le parti conservateur de l’ancien chef du gouvernement Silvio Berlusconi, lui aussi opposé au texte en l’état, a suggéré que l’on puisse y insérer les références au communisme.

Un flot de critiques que s’est efforcé d’endiguer le patron du Parti démocrate et ancien chef du gouvernement, Matteo Renzi, en déclarant sur Twitter: « C’est le fascisme qui était liberticide, pas la loi qui condamne son apologie ».

Si la propagande du régime fasciste est déjà un délit en Italie, elle est toutefois largement tolérée et le sites exaltant le souvenir du « ventennio » (les deux décennies du pouvoir mussolinien) font florès sur la toile.

A l’exemple de la page Facebook des jeunes fascistes italiens, créée en 2015, qui compte environ 85.000 adhérents ou encore le profil « officiel » de Mussolini sur Instagram, où les photos du Duce sont commentées à la première personne…

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