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A quoi sert le pape?

Le Vif

Au terme d’un conclave exceptionnellement court, François – alias Jorge Mario Bergoglio, archevêque de Buenos Aires – a été élu pape. Quels sont ses pouvoirs? Quel est son rôle? L’éclairage de Dominique Chivot, auteur de Vatican, aux éditions Assouline.

24 heures après l’ouverture du conclave, François, 76 ans, a été élu à la tête du Saint-Siège.

Quel est le rôle du pape?

Le pape est le chef spirituel de la première religion du monde: le catholicisme, qui compte aujourd’hui 1,2 milliards de fidèles à travers le monde. Ce pouvoir est un héritage de l’histoire: le souverain pontife est avant tout l’évêque de Rome, qui est considéré comme le successeur du premier apôtre Pierre. Il est le garant de cette religion.

Quels pouvoirs lui confère ce rôle?

C’est avant tout un leader d’opinion. Il est le seul à pouvoir écrire des encycliques, c’est-à-dire de grands textes de référence qui déterminent la voie dans laquelle s’engage l’Eglise. Dans ses discours et ses écrits, il apporte sa lecture et son éclairage sur un point de dogme ou sur de grandes questions de société. Il a également le pouvoir de publier des décrets pour nommer les évêques ou pour faire excommunier certaines personnes.

On parle beaucoup d’une nécessaire réforme de l’Eglise pour l’adapter aux enjeux du monde actuel. Cette tâche lui incombe-t-elle?

Oui évidemment, comme un chef d’Etat, c’est lui qui insuffle le mouvement. Mais il ne décide pas tout seul. Les grands changements de dogme ou les réformes qui engagent en profondeur l’Eglise doivent être prises de manière collégiale, en accord avec les autres cardinaux. Par exemple, si le futur souverain pontife décide d’autoriser les prêtres à se marier ou de donner la possibilité aux femmes d’être ordonnées, il ne peut pas le faire seul. C’est ce qu’il s’est passé pendant le règne de Jean-Paul II, avec le concile Vatican II qui apportait une lecture moderne des textes et faisait évoluer en profondeur l’Eglise. Le collège des cardinaux a été longuement consulté. Malgré tout la position du pape compte plus que l’avis des autres évêques.

Comment gouverne un pape?

Il est entouré de la curie, qui peut être considérée comme une sorte de gouvernement. Il y a des ministères – appelés dicastères – chargés de gérer les grandes questions : il y en par exemple un sur l’évangélisation, un sur la charité, un sur le clergé… Mais l’une des grandes missions du nouveau souverain pontife sera de réformer la curie, dont la gestion est montrée du doigt depuis de nombreuses années. Il faut par exemple instaurer plus de transparences financière. La gestion des scandales – notamment celui des prêtres pédophiles en Irlande, en Allemagne et aux Etats-Unis – sera également l’une des grandes missions du nouveau souverain. Mais cette réforme de la curie s’annonce particulièrement difficile: Jean-Paul II et Benoît XVI s’y sont essayés, sans succès.

On a l’impression que l’élection du pape intéresse bien au-delà de la communauté de fidèles…

Le pape est avant tout un chef d’Etat car le Vatican est considéré comme un état souverain et indépendant. Mais aujourd’hui ses pouvoirs sont avant tout symboliques. En revanche, le souverain pontife peut encore avoir un rayonnement sur la scène politique: Jean-Paul II avait par exemple joué un grand rôle lors de la chute du mur de Berlin. Il peut également avoir une forte influence sur la scène internationale. Sur ce plan-là, il peut être comparé au dalaï-lama. S’il s’exprime sur un conflit ou une question de société, sa voix compte énormément.

Par Caroline Politi

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