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A la tête de l’UE, une Hongrie de plus en plus autoritaire

Avec Viktor Orban à la tête du gouvernement, le pays qui préside l’Union pour six mois, à partir de ce samedi, voit disparaître l’un après l’autre ses garde-fous démocratiques. Inquiétant.

Qui aurait cru que la Hongrie, l’un des premiers ex-Etats d’Europe de l’Est à s’ouvrir à la démocratie et qui assumera la présidence de l’Union européenne à partir du 1er janvier, glisserait vers un régime autoritaire? Depuis l’arrivée au pouvoir du Premier ministre, Viktor Orban, le 29 mai dernier, les signes inquiétants s’accumulent. Qu’on en juge.

A peine désigné, le chef du gouvernement a nommé des fidèles de son parti à la tête de tous les organismes du secteur public – même à la Cour des comptes, organisme essentiel du contrôle démocratique, dirigée auparavant par des personnalités indépendantes.

Appuyé par une majorité des deux tiers au Parlement, le pouvoir a bâillonné la Cour constitutionnelle. Celle-ci ne pourra plus s’exprimer, sauf exceptions improbables, sur des questions telles que le budget, la fiscalité, le régime des cotisations sociales, le droit à la propriété privée. Ses membres resteront muets sur la récente nationalisation des caisses de retraite privées, par exemple, pourtant dénoncée comme une forme de hold-up de l’Etat sur des fonds d’épargne estimés à quelque 11 milliards d’euros… L’opération pourrait permettre à la Hongrie d’afficher en 2011 un excédent budgétaire de 5 % du PIB, contre 3 % de déficit cette année.

« La Hongrie reste un pays démocratique »

La nouvelle loi sur les médias, elle aussi, laisse perplexe. Ce texte, dont le dernier chapitre devait être approuvé le 20 décembre, entraîne un contrôle total de toutes les sources d’information par le parti au pouvoir. Un journal d’information unique, produit par l’agence de presse nationale (MTI), sera diffusé sur les trois chaînes de télévision et à la radio publique. La presse écrite et les sites Internet sont invités à fournir une information « équilibrée ». A défaut, le Conseil des médias – entièrement contrôlé par le régime – aura toute liberté pour imposer des amendes dont le montant suffirait à couler n’importe quel journal.

« La Hongrie reste un pays démocratique, estime le politologue Péter Kreko. Le gouvernement a certes réduit le nombre des garde-fous, mais son objectif déclaré est de gérer les affaires publiques de manière plus efficace. Et cela répond aux attentes d’une grande partie des Hongrois, lassés par huit années chaotiques sous le règne des socialistes. » A Budapest, beaucoup aimeraient partager son optimisme.

Par Florence La Bruyère, L’Express.fr

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