© DR

A Goma, la musique a fait oublier la guerre

Pendant trois jours, la capitale du Nord-Kivu (Congo) a vécu au rythme d’un festival lancé par le Belge Eric de Lamotte. Reportage.

« Montrez au monde que Goma n’est pas la ville des Kalachnikov qui crépitent, mais de la musique et de la paix » : ces mots lancés par l’animateur de service entre deux tours de chants donne la tonalité de que fut durant le week-end le festival Amani (paix, en swahili) qui, dimanche, a réuni 10.000 jeunes au stade Mwenga de Goma, sous le parrainage de « Maman Olive », l’épouse du président Kabila.

Du rappeur congolais Lexxus Legal aux tambourinaires du Burundi, du chanteur rwandais Mani Martin au congolais Lokua Kanza, tête d’affiche du festival, les messages de paix se sont enchaînés. A l’adresse du Rwandais Mani Martin, la foule a même scandé « Amahoro » (paix, en kinyarwanda). Dans la tribune avaient pris place, notamment, Martin Kobler, patron de la Mission de l’ONU au Congo (Monusco), flanqué des gouverneurs du Nord et du Sud Kivu, dans une atmosphère de bonne humeur.

Aucun représentant politique rwandais n’avait toutefois fait le déplacement, signe que les relations restent tendues entre les deux pays. Les habitants de Goma soupçonnent régulièrement le Rwanda de semer l’instabilité dans l’est du Congo. Au début de l’année, ils étaient descendus en nombre dans les rues de la ville pour manifester leur joie suite à la (fausse) nouvelle de la mort du président Kagame.

C’est toutefois une équipe technique de Kigali qui a assuré le déroulement parfait du festival, tandis que des centaines de bénévoles, dont des jeunes Belges, assuraient l’intendance. Non loin des deux scènes du festival se tenait un « village humanitaire », avec des stands d’ONG combattant les violences faites aux femmes ou encore de la Monusco. Le maintien de l’ordre ordre avait été confié conjointement à des Casques bleus et à des policiers congolais.

Dirigé par Guillaume Baguma, le festival est né à l’initiative du Belge Eric de Lamotte, un énergique sexagénaire qui connaît bien Goma pour y avoir été banquier dans les années 1980. Choqué par les guerres, les pillages et les viols dans la région, il s’était mis en tête « de rassembler par la culture et de tenter de réveiller les consciences pour que les choses changent ». Le festival, auquel peu de monde croyait au départ, devait se tenir en août 2013, mais c’était sans compter le pilonnage de la ville par la rébellion du M23, aujourd’hui éradiquée.

Vu le succès de cette première édition, une deuxième est déjà prévue en 2015. « En espérant avoir davantage de sponsors qui adhèrent au projet », insiste Eric de Lamotte. Le prix d’entrée avait été fixé à 1 dollar.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire