Nicos Anastasiades © Belga

A Chypre, l’espoir d’une réunification renaît avec le nouveau dirigeant chypriote turc

Le dirigeant chypriote grec Nicos Anastasiades a exprimé lundi son espoir d’avancer vers la réunification de l’île méditerranéenne coupée en deux depuis plus de quarante ans, après l’élection d’un nouveau dirigeant chypriote turc dans la partie nord de l’île.

« En définitive, l’espoir existe de voir notre patrie réunifiée pour devenir un Etat moderne gouverné selon les principes de l’Union européenne, ce qui ouvre des perspectives de coopération, de paix et de tranquillité », a déclaré à la presse le président de la République de Chypre.

La veille, il avait félicité Mustafa Akinci, élu avec 60,50% des voix « président » de la République turque de Chypre-Nord (RTCN), un petit bout de territoire non reconnu par la communauté internationale et qui occupe le tiers nord de Chypre. M. Akinci, homme politique expérimenté de centre-gauche, est connu pour ses positions favorables à la réconciliation et à la coopération bi-communautaire.

« Notre main est tendue (…) comme une invitation à la coopération. Je veux croire qu’il y aura une réponse pour que nous ayons des perspectives de sécurité et de prospérité », a ajouté M. Anastasiades, dont le pays a adhéré à l’UE en 2004. MM. Akinci et Anastasiades devraient se rencontrer très rapidement à l’occasion de la reprise des négociations de paix, suspendues depuis des mois et dont l’ONU a annoncé début avril la reprise.

Les Nations unies ont indiqué que l’envoyé spécial de l’ONU Espen Barth Eide était attendu sur l’île du 4 au 8 mai en vue de préparer une reprise de ces pourparlers mis en suspens à deux reprises, en 2012 et 2014.

Erdogan rappelle à l’ordre le nouveau président chypriote-turc

Le président islamo-conservateur turc Recep Tayyip Erdogan a publiquement rappelé à l’ordre lundi le tout nouveau président chypriote-turc Mustafa Akinci en lui reprochant d’avoir revendiqué un peu vite son émancipation vis-à-vis d’Ankara.

« M. le président ne réalise pas bien ce qu’il dit », a lancé M. Erdogan devant la presse avant de quitter Ankara pour une visite au Koweït, assurant que la Turquie entendait bien garder sa mainmise sur la République turque de Chypre du Nord (RTCN). M. Akinci a été élu dimanche à la présidence de Chypre-Nord pour un mandat de cinq ans. Connu pour ses positions favorables à la réconciliation entre les deux parties de l’île, il a plaidé pour que les Chypriotes-turcs gardent « le contrôle de leurs propres institutions ».

« Nous serons maîtres chez nous », a-t-il ajouté. Le chef de l’État turc a immédiatement rappelé les règles du jeu à M. Akinci. « Chaque année, nous contribuons à hauteur d’un milliard de dollars » au budget de la RTCN, a souligné M. Erdogan , « nous avons payé un lourd tribut (à Chypre-Nord) et c’est justement pour cela que nous en sommes la mère-patrie ». Interrogé lundi par la chaîne d’information CNN-Türk, M. Akinci a indiqué ne pas vouloir de tensions avec Ankara mais insisté vouloir des « rapports sains et directs » avec la Turquie.

La RTCN, créée en 1983, est uniquement reconnue par Ankara, qui contribue à un tiers de son budget et finance ses infrastructures. Chypre est divisée depuis l’invasion en 1974 de son tiers nord par la Turquie en réaction à un coup d’État nationaliste visant à rattacher l’île à la Grèce. Les efforts internationaux menés depuis n’ont pas abouti à une réunification. L’élection de M. Akinci a ravivé les espoirs d’une réconciliation sur l’île méditerranéenne.

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