Terminées, les Trente Glorieuses ! Le pétrole ne sera plus le moteur de la croissance... © ISOPIX

16 octobre 1973: le jour où l’OPEP a lâché une véritable bombe

C’est une décision qui va profondément marquer l’histoire. En choisissant de réduire la production de pétrole, l’Opep provoque un choc systémique et une crise majeure. Elle force aussi les économies occidentales à réduire leur consommation. Et à développer des alternatives.

Ambiance de guerre au Moyen-Orient. Le 6 octobre, le président égyptien Anouar el-Sadate envoie 1 500 blindés et 300 000 hommes dans le Sinaï. La guerre du Kippour vient de commencer. Au même moment, les Syriens attaquent sur le plateau du Golan. L’objectif est clair : récupérer les territoires dont s’est emparé Israël en 1967, durant la guerre des Six Jours. L’Etat hébreu est tout à la fois pris de surprise et épouvanté. Dans un premier temps, Tsahal se fait déborder. Mais soutenue par les indéfectibles Américains, elle parvient à renverser la vapeur au bout de quelques jours. Sous la houlette du général Ariel Sharon, les chars israéliens refoulent violemment les Egyptiens.

Le 16 octobre, les représentants des pays arabes de l’Opep se rassemblent au Koweït. Dépassés sur le plan militaire, ils entendent réagir sur le front économique. Sans crier gare, ils augmentent de 70 % le prix du baril de pétrole brut, réduisent de 5 % la production et établissent plusieurs embargos. Le monde est prévenu : les mesures ne cesseront que lorsque les territoires occupés seront rendus par Israël. Et que les droits des Palestiniens seront reconnus.

En réalité, l’Opep vient de lâcher une bombe. Il faut dire que, depuis une dizaine d’années, le pétrole est devenu le nouveau moteur de la croissance : à l’aube des années 1970, il représente plus de 60 % de la consommation générale d’énergie. Relativement bon marché, il est le sponsor officiel des Trente Glorieuses. L’Opep vient de signer la fin de cet âge d’or – et de se révéler comme une véritable puissance mondiale. En quelques semaines, le prix du baril passe de 3 à 10 dollars. En Europe, l’heure n’est plus à la croissance et aux balances de paiement favorables mais aux déficits, au chômage et aux faillites. Dans la foulée du pétrole, le prix des principales matières premières et des biens de consommation augmente. De nombreux secteurs – sidérurgie, textile… – sont à la peine. La Belgique et ses industries vieillissantes sont particulièrement atteintes. Mais les pays en voie de développement sont également profondément touchés.

En même temps, la riposte se prépare. Plusieurs Etats prennent des mesures en vue de diminuer leur consommation d’énergie. C’est l’heure des premiers dimanches sans voiture. Surtout, face à un pétrole hors de prix, les Occidentaux commencent à investir dans d’autres types d’énergie. On construit des centrales électriques, on privilégie le gaz pour chauffer les bâtiments… En 1979-1980, le second choc pétrolier accentue ces tendances. L’Opep vient sans doute de commettre une erreur. Au fil des années, ses parts de marché diminuent. L’or noir n’est plus la nouvelle star. Juste une matière première (plus ou moins) comme les autres.

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