Everest, ressaut Hillary. © Image Globe

Non, le « ressaut Hillary », ultime difficulté de l’Everest, n’a pas disparu

Le Vif

Le « ressaut Hillary », ultime difficulté de l’ascension de l’Everest, existe toujours bel et bien, selon des professionnels népalais qui démentent les dires d’autres grimpeurs, pour tenter de clore une polémique qui agite le petit monde de l’alpinisme.

L’état de ce célèbre amas rocheux de 12 mètres de haut, qui doit son nom à l’un des deux vainqueurs de l’Everest, est source de nombreuses spéculations depuis la reprise des expéditions en 2016, après deux années quasi vierges de toute ascension.

Des centaines d’alpinistes avaient délaissé le mont himalayen en 2015, après le séisme qui avait fait près de 9.000 morts au Népal, dont 18 alpinistes dans un camp de base de l’Everest.

A la reprise des expéditions, certains alpinistes avaient avancé que le « ressaut Hillary » semblait avoir disparu.

Ce qu’avait également affirmé sur Facebook le grimpeur britannique Tim Mosedale le 17 mai, au lendemain de sa sixième ascension du « Toit du monde ».

« Le ressaut Hillary n’existe plus », avait-il écrit. « Je ne suis pas sûr de ce qui va se passer quand la crête neigeuse ne va pas se former parce qu’il y a d’énormes blocs ça et là qui vont être difficiles à négocier. »

Situé à 8.760 mètres d’altitude sur la voie népalaise (Sud), le « ressaut Hillary » doit son nom au Néo-Zélandais Edmund Hillary, qui fut en 1953 avec le Népalais Tenzing Norgay l’un des deux premiers sur le « Toit du monde ».

Il relatera plus tard l’extrême difficulté, à cette altitude, de cet ultime obstacle technique qui, ailleurs, serait une formalité.

– ‘Confusion’ –

Aujourd’hui, les alpinistes sont aidés sur ce passage de cordes fixes installées auparavant par les Sherpas.

Mais ce passage constitue un goulet d’étranglement, et les alpinistes doivent parfois attendre longtemps que le chemin se libère, des embouteillages pouvant se révéler fatals en très haute altitude, où les réserves d’oxygène sont cruciales, et où chaque minute compte.

La disparition de ce mur rocheux devait donc, se réjouissaient certains, faciliter l’ascension. Mais des alpinistes népalais expérimentés sont cependant formels: le ressaut est toujours là.

« Le ressaut Hillary est là comme avant, mais une énorme pierre située au-dessus s’est effondrée », a déclaré Pemba Dorje Sherpa, qui a atteint samedi le sommet pour la 16e fois.

« Atteindre le sommet a de ce fait été plus facile, mais peut-être aussi que cela a induit les gens à penser que le ressaut n’était plus là. »

Mingma Tsiri Sherpa, qui a neuf ascensions à son compteur et se trouve actuellement au camp de base, a expliqué qu’une route alternative empruntée par les alpinistes avait peut-être semé le trouble.

« Les cordes fixes sont un peu plus (qu’avant) sur la droite du ressaut », a-t-il dit. « Il faut marcher dans la neige alors qu’avant on passait sur la partie rocheuse. C’est ce qui explique la confusion. »

Certains alpinistes avaient déjà attribué cette polémique à l’enneigement de la zone.

Mingma Tsiri Sherpa n’est pas monté cette année au sommet, mais neuf des guides népalais travaillant pour sa société d’expéditions et huit de ses clients l’ont fait.

Les interrogations étaient nées en 2016, quand certains alpinistes avaient avancé que le séisme de l’année précédente, d’une magnitude de 7,8, pouvait avoir endommagé le ressaut.

Le géologiste Amod Mani Dixit, qui dirige la Société nationale pour la technologie sismique, basée à Katmandou, juge improbable que le séisme ait pu faire bouger les roches de l’Everest, qui se trouvait à 450 km à l’est de l’épicentre.

Il a expliqué que si la secousse avait pu provoquer des avalanches, il aurait fallu une force bien plus puissante pour altérer une formation rocheuse comme le « ressaut Hillary ».

« Nous avons regardé la cartographie du séisme. Le niveau de la secousse dans cette zone n’était pas suffisant pour provoquer un tel éboulement », a-t-il dit à l’AFP.

Avant 2015, 2014 avait déjà été une année quasi vierge de toute ascension.

Une avalanche avait tué 16 sherpas, entraînant l’annulation de toutes les ascensions. Un seul alpiniste avait atteint le sommet: le Chinois Wang Jing qui avait utilisé un hélicoptère pour transporter son équipement aux camps d’altitude.

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