(Belga) Le gouvernement wallon a inscrit dans sa déclaration de politique régionale (DPR) l’obligation d’apprentissage du français dans le parcours d’intégration des primo-arrivants. Cette obligation se mettra en place progressivement, en fonction des moyens budgétaires disponibles. Les avis sont partagés sur cette nouveauté.
Les Centres Régionaux d’Intégration (CRI) mettent en place le parcours d’intégration en Wallonie et Fabian Martin, président du CRI de Namur, estime que l’obligation n’était pas nécessaire. Le décret adopté en février dernier qui met en place le parcours, était suffisant selon lui. « L’obligation doit également s’accompagner de moyens supplémentaires. Or, je ne pense pas que ces moyens existent », ajoute-t-il. Pour Thierry Tournay, le président du CRI de Charleroi, c’est plutôt une bonne nouvelle « si les moyens suivent ». « Tous les primo-arrivants sont demandeurs de suivre une formation car le but est de pouvoir parler un minimum français pour obtenir un travail. » Il ajoute néanmoins, qu’actuellement, la demande en formation est plus importante que l’offre disponible. « Il y a des listes d’attentes partout en Wallonie, on n’arrive pas à faire face. » Il sera donc difficile d’accueillir un public supplémentaire. L’association Lire et Ecrire Wallonie, qui oeuvre pour le droit à l’alphabétisation pour tous, est elle totalement contre l’obligation d’apprentissage du français. « Vu le manque de place, nous craignons, avec cette obligation, de devoir donner la priorité aux primo-arrivants, tels que définis par le gouvernement wallon. Nous devrons alors refuser un autre public, demandeur d’apprendre le français », explique la directrice, Anne-Hélène Lulling. Elle craint que l’arrivée de primo-arrivants, obligés par le gouvernement wallon d’apprendre le français, entraîne l’exclusion d’un public volontaire et motivé. L’association estime également que l’apprentissage du français doit s’effectuer sur base volontaire, « pour qu’il y ait une motivation forte ». Anne-Hélène Lulling ajoute que l’acquisition de la langue, « pour qu’elle soit naturelle, doit se faire en participant à la vie en société, en faisant des rencontres ». Les centres d’intégration et Lire et Ecrire s’accordent toutefois sur un élément: cette nouvelle obligation ne devrait avoir aucun impact en termes d’emploi pour les enseignants de français langue étrangère (FLE), car le manque de places est déjà criant en Wallonie et que le décret wallon de février dernier a déjà enclenché le parcours d’intégration. (Belga)