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Wallonie : le retour en grâce du gaz de houille

Pierre Havaux
Pierre Havaux Journaliste au Vif

La Wallonie se remet à rêver d’or noir. Ses abondantes réserves de grisou pourraient lui fournir un regain d’énergie inespéré. Elles suscitent l’intérêt d’industriels. Et la convoitise d’Albert Frère…

Les Wallons n’ont pas de pétrole mais du gaz de houille à profusion : entre 100 et 200 milliards de m³ nichés dans le sous-sol. Carlo Di Antonio, ministre régional CDH de l’Environnement, vient d’exprimer un intérêt pour la cause : « L’exploration et l’exploitation du potentiel gazier constituent une opportunité de voir se concrétiser des investissements importants en matière d’exploration du sous-sol profond de la Wallonie. On peut donc étudier ce dossier. » De quoi mettre la puce à l’oreille aux opérateurs privés à l’affût de filons potentiellement juteux. L’un d’entre eux est déjà sur la balle. Le Carolo Albert Frère lorgne sur le sous-sol de son Hainaut natal. Il a mis sur le coup une filiale de son holding financier, la CNP, qui a introduit deux demandes d’exploration-exploitation du gaz : l’une pour un captage sur mine fermée à Péronnes-Anderlues, l’autre ciblée sur les massifs inexploités au sud du bassin houiller Quiévrain-Couillet.

Les chiffres qui circulent ont de quoi donner le tournis. On évoque 13 à 20 milliards de m³ de méthane récupérable, un potentiel de 40 à 80 millions de m³ de gaz par km² de bassin houiller. On fait même miroiter à la Wallonie la perspective de conquérir une précieuse indépendance énergétique. On suscite l’espoir d’un nouveau départ pour le sillon houiller de Liège à Mons.

A vérifier. Ce que s’employait à faire l’Ecolo Jean-Marc Nollet, ministre du Développement durable dans le précédent gouvernement wallon : « Selon les données disponibles, il semblerait que le grisou présent en Hainaut servirait, au mieux à couvrir les besoins en gaz de notre pays pendant trois à quatre ans. Certains experts avancent des chiffres de dix ans pour l’ensemble du grisou en Wallonie. Le potentiel de contribution du gaz de houille à l’indépendance énergétique de la Wallonie est donc existant mais très relatif. » Son collègue et coreligionnaire Philippe Henry, ex-ministre wallon de l’Environnement, demandait lui aussi à voir avant de céder à l’emballement.

Dans Le Vif/L’Express de cette semaine, le dossier « Faut-il forer oui ou non ? »

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