Le hêtre de la forêt de Soignes risque de devoir céder du terrain

Les changements climatiques en cours et à venir perturbent la croissance des hêtres de la forêt de Soignes et menacent à terme la bonne santé des hêtraies cathédrales, ressort-il d’une étude scientifique menée notamment par l’ULg (Gembloux Agro-biotech), l’ULB, la KUL et Bruxelles Environnement et publiée dans le magazine « Forêt.Nature ». Les auteurs de l’étude suggèrent de ne plus miser uniquement sur le hêtre pour les nouvelles plantations en forêt de Soignes.

L’étude, intitulée « Dendroécologie du hêtre en forêt de Soignes », est basée sur l’analyse des cernes de 286 hêtres répartis dans 35 sites en Belgique, ce qui a permis une comparaison de l’évolution de la croissance des hêtres de Soignes avec d’autres régions du pays, comme l’Ardenne.

Il ressort de cette analyse que « l’augmentation de la fréquence et de l’intensité des sécheresses printanières et des canicules affecte négativement la croissance annuelle des arbres ». En outre, constatent les auteurs de l’étude, « ces stress répétés finissent à moyen terme par réduire la croissance globale. »

Si, jusqu’à présent, « aucun seuil critique mettant directement les arbres en danger n’a été atteint, de telle sorte qu’on a toujours pu observer un rétablissement de la croissance lors des années favorables, plus humides et moins chaudes », les changements climatiques attendus au cours du 21e siècle, et qui seront marqués par une augmentation de la fréquence et de l’intensité des canicules et un risque de déficits hydriques extrêmes, menacent la survie même de la hêtraie de Soignes, poursuit l’étude.

Dans ce contexte, il est préconisé, pour les peuplements de hêtres existants, d’adopter une « sylviculture dynamique, faite d’éclaircies fortes », laquelle est la plus à même d’offrir aux arbres les meilleures conditions de croissance possible pour surmonter les périodes de stress dus aux changements climatiques.

Concernant la plantation de nouveaux peuplements, les scientifiques estiment qu' »il n’est pas prudent d’encore miser exclusivement sur le hêtre en forêt de Soignes » et suggèrent, dans un premier temps, un mélange comprenant des espèces plus tolérantes, comme le chêne sessile et le tilleul à petites feuilles. Dans une forêt mélangée, le hêtre serait alors confiné aux stations qui lui conviennent le mieux, comme les vallons ou les versants frais.

Cette étude paraît alors que la ministre bruxelloise de l’Environnement, Céline Fremault, travaille à un nouveau plan de gestion de la forêt de Soignes. Ce plan pourrait voir le jour en 2017, indique-t-on à son cabinet.

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