© DR

« Demain », le film qui va changer le monde ?

Olivier Mouton
Olivier Mouton Journaliste

C’est un phénomène dans les salles : plus de 100 000 entrées en Belgique, près de 800 000 en France, César du meilleur documentaire… C’est, surtout, un appel enthousiaste à sauver la planète. Le manifeste de Cyril Dion et Mélanie Laurent cartonne en invitant tout le monde à être acteur. La nouvelle utopie citoyenne ?

Tout le monde se lève pour Demain. Auréolé du César du meilleur documentaire, le film coréalisé par Cyril Dion et Mélanie Laurent est devenu un phénomène de société, qui explose toutes les prévisions au box-office : plus de 100.000 entrées en Belgique et 760.000 en France, acheté par ailleurs dans 26 pays. Ce « feel good movie », construit autour d’initiatives concrètes pour sauver la planète, est un manifeste, en phase avec une révolution citoyenne naissante.

Le message véhiculé se veut positif : oui, chacun peut agir à son petit niveau pour éviter que le monde ne court à sa perte. Au niveau local, en se détournant d’une monde politique incapable de prendre la juste mesure de la menace du réchauffement climatique. Pour tout dire, c’est un coup de poing à la morosité ambiante et une réplique à cette pensée réac’ qui entend dominer le monde. Il s’agit de « se bouger », en plus de contester. Dans tous les domaines : c’est le lien entre ces initiatives individuelles qui changera le monde.

« Ce documentaire est une déclaration politique », acquiesce Pierre Heldenbergh, animateur aux Grignoux. Cette ASBL liégeoise, très engagée et fonctionnant sur le mode d’une coopérative, a pris en charge la distribution en Wallonie du documentaire, sorti en décembre et diffusé en avant-première lors de la Conférence sur le climat à Paris. En moins de trois mois, elle a permis à Demain de trouver son public en marge des circuits officiels. « Pour distribuer un documentaire, nous avons l’habitude de nous appuyer sur des réseaux d’associations proches de la thématique abordée, explique-t-il. Demain brasse large, de l’alimentation à l’éducation en passant par l’énergie et la démocratie. Quatre-vingt d’entre elles l’ont relayé. Généralement, nous sommes contents si l’on rentre dans nos frais. Cette fois, vu le succès, les multiplex nous demandent de le diffuser. » Ce jackpot commercial donne des ailes à ceux qui s’engagent depuis des années.

L’affichage de ce contenu a été bloqué pour respecter vos choix en matière de cookies. Cliquez ici pour régler vos préférences en matière de cookies et afficher le contenu.
Vous pouvez modifier vos choix à tout moment en cliquant sur « Paramètres des cookies » en bas du site.

Pour écrire son documentaire, Cyril Drion est parti d’un rapport on ne peut plus alarmiste publié dans la revue scientifique Nature, en 2012 : il nous reste vingt ans pour éviter un processus irréversible menant à la disparition de notre espèce. Mais tirer la sonnette d’alarme n’est pas suffisant. « Cela fait trente ans que l’on parle d’écologique, que l’on ne cesse de répéter que la planète se meurt, souligne le coréalisateur. Mais toutes les campagnes de sensibilisation ou les manifestations n’ont pas permis d’enrayer le phénomène. Au contraire, c’est pire… »

Ce trentenaire sait de quoi il parle : en 2007, il a créé le mouvement Colibris en compagnie de Pierre Rabhi, adepte de la décroissance, pour sensibiliser le public à cette urgence. En vain. Se démenant sur tous les fronts, il crée une collection consacrée au développement durable au sein de l’éditeur Actes Sud, entame un roman, songe au film et… explose un plein vol : burnout. C’est à l’issue d’un repos complet de quelques mois qu’il contacte l’actrice et réalisatrice Mélanie Laurent pour imaginer « un vrai film de cinéma ». Enceinte, celle-ci se demande précisément quel monde elle laissera à son enfant. En 2050, il y aura neuf milliards d’individus sur cette planète, des questions fondamentales se poseront pour l’eau et l’alimentation, des réfugiés climatiques arpenteront la terre…

Le dossier « Demain, la prise de conscience pour changer le monde ? », dans Le Vif/L’Express de cette semaine. Avec :

  • La force phénoménale d’un message qui ne donne pas de leçon
  • Le passage du pouvoir du politique au citoyen ?
  • Les solutions existantes en Belgique
  • Les figures historiques
  • L’entretien qui écorche le film

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire