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Vive le modèle allemand ?

Cours le matin, sport l’après-midi : depuis longtemps, ce modèle est admiré à l’étranger. Une mesure efficace ? La France s’y risque, la Belgique n’y songe même pas.

Cours de 8 h 30 à 13 heures, pause déjeuner, sports jusqu’à 16 h 30 : dès septembre, ce planning sera testé dans une centaine d’écoles de France, selon le modèle allemand. Or l’idée fait grincer des dents. Il sera coûteux, puisqu’il faudra financer toutes ces activités sportives. D’après le ministre français de l’Education, la formule pourrait réduire l’absentéisme et prévenir la violence. Ce plan – s’il aboutit – est aussi réclamé par les fédérations de parents d’élèves et les chronobiologistes notamment, qui estiment que les journées de classe sont trop longues.

Mais cette mini-révolution intervient alors que l’Allemagne, justement, s’interroge sur ce rythme qu’elle applique depuis des années et qu’elle rend responsable de son mauvais classement (20e place) dans le rapport Pisa. Depuis 2004, le pays a même consacré 4 milliards d’euros pour développer la journée complète de classe, avec comme priorité le soutien scolaire. De nombreux Länder (compétents en matière d’éducation) songent à l’abandonner, car il n’aurait pas fait ses preuves.

Les élèves allemands n’ont pas moins de cours, mais ceux-ci sont répartis différemment (quatre à cinq heures sur la matinée), et surtout plus concentrés. Les enseignants ont tendance à avancer plus rapidement dans le programme. Tant pis pour les rêveurs et les retardataires. « Il n’y a cours qu’en matinée, mais il y a aussi plus de devoirs le soir. Il faut suivre de très près la scolarité de ses enfants », remarque un parent, ancien expatriéà Bonn. Car, contrairement au projet français, en Allemagne, les loisirs l’après-midi sont facultatifs et pris en charge par les parents. Ce fameux modèle allemand accroîtrait donc les inégalités entre familles modestes et celles qui ont les moyens de financer des activités pédagogiques l’après-midi. Pour les élèves en échec scolaire, c’est contre-productif.

Forte opposition En Belgique, la journée scolaire, de six heures, est l’une des plus longues d’Europe, avec celle d’Autriche et de France. On repère, dans le programme de la majorité PS-CDH-Ecolo à la Communauté française, un très court passage sur les rythmes scolaires signalant que « le gouvernement lancera une étude sur l’organisation du temps et des rythmes scolaires », en vue de sonder « des pistes permettant d’améliorer les conditions d’apprentissage et d’instaurer une meilleure qualité de vie dans les écoles ». En clair : aucune décision ne sera prise sous cette législature. D’autres ministres s’y sont risqués, tous ont buté sur une forte opposition et sur un problème de financement Un paragraphe couché pour la forme ?

SORAYA GHALI

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