Photos prises au Mont-des-Arts par les enfants expulsés du Samu Social. www.krasnyicollective.com © Alex GD / Krasnyi Collective

Vers un nouveau camp Maximilien au Mont-des-Arts?

Caroline Lallemand
Caroline Lallemand Journaliste

Fin du plan d’accueil hivernal : des familles avec enfants se sont rassemblées, lundi dans la matinée, au Monts-des-Arts à Bruxelles. Elles y ont installé un campement de fortune et y ont passé une première nuit.

A l’issue de la dernière nuit d’hébergement au Samu social après la fin du plan d’accueil hivernal ressurgit chaque année le même problème: des familles en séjour irrégulier se retrouvent à la rue, sans aucun endroit où passer la nuit. Ce lundi, 70 personnes, dont une cinquantaine d’enfants, se sont rassemblées au Mont-des-Arts à Bruxelles, là où a lieu généralement la Nuit Debout de Bruxelles. Elles y ont lancé un appel à amener des tentes, des commodités et de la nourriture pour y passer la nuit.

Tine Vermeiren, l’une des coordinatrices de la plateforme Mineurs en exil qui regroupe une quarantaine d’associations travaillant avec des mineurs étrangers non accompagnés (MENA) et les enfants en migration fait le point sur la situation. « Au sein de ces familles, il y a une cinquantaine d’enfants accompagnés, on ne dénombre aucun MENA. Il y a seulement quatre chambres d’urgence disponibles au samu social pour le moment. Il n’y a plus assez de places pour toutes les familles. Elles se sont rassemblées ce lundi Au Mont-des-Arts, soutenues par des initiatives citoyennes. Quelques tentes ont été dressées et une partie de ces familles a passé la nuit dernière là-bas. Mais même comme ça, il n’y avait pas de place pour tout le monde. Un autre groupe est donc retourné au samu social pour la nuit. Certaines familles y sont allées, mais ont été refusées et ont dû dormir dans la rue. »

Les familles concernées sont majoritairement en situation irrégulière, il y a une grande famille rom. Certaines ont été déboutées de leurs demandes d’asile, mais ont encore des perspectives de régularisation. D’autres sont dans une procédure de demandes multiples. Il y a des enfants en bas âge, comme des adolescents scolarisés en secondaire.

Un accueil inadéquat pour des familles avec enfants

Tine Vermeiren déplore l’accueil classique destiné aux sans-abris, mais tout à fait inadapté aux familles avec enfants : « Les familles ne peuvent appeler qu’à 20h30 et ne savent qu’à ce moment-là si elles vont avoir une place. C’est très tard pour des familles avec des enfants. Hier, deux familles ont été refusées ce sera peut-être la même chose tous les jours, quatre chambres, ce n’est pas suffisant.« 

Photos prises par les enfants expulsés du Samu Social.
Photos prises par les enfants expulsés du Samu Social. © www.krasnyicollective.com

La plateforme Mineurs en exil demande deux choses : une solution structurelle pour les familles en séjour irrégulier afin qu’elles soient accueillies, mais aussi accompagnées vers une solution durable au niveau individuel. « Cette solution, ça peut-être soit un retour volontaire dans leur pays d’origine, soit une régularisation, car il y a des familles avec des perspectives de séjours régulières en Belgique, mais pour cela, ils doivent être accompagnés et pendant cette procédure, ils doivent être accueillis« , explique la porte-parole. En parallèle avec une solution plus structurelle, elle plaide aussi pour un accueil d’urgence toute l’année et pas seulement pendant les mois d’hiver.

Tine Vermeiren constate que cette année, les familles à la recherche d’un accueil pendant l’hiver ont été plus nombreuses sans toutefois faire un lien avec la crise des réfugiés. « Il n’y a pas vraiment de lien avec la crise de l’accueil des demandeurs d’asile, car dans ce cas-ci, on parle de personnes qui ont passé cette étape et qui ne sont plus dans cette procédure de demande d’asile, ce sont des familles pour la plupart en séjour irrégulier. Le problème est récurrent et existe depuis longtemps. »

Pour elle, c’est pourtant la première fois que des tentes sont montées au centre de Bruxelles à l’issue de la dernière nuit d’hébergement prolongé au Samu social après la fin du plan d’accueil hivernal. « Il y a un lien avec le parc Maximilien, car ce sont les mêmes personnes liées au collectif du parc Maximilien qui sont à l’origine de cet élan de solidarité au Mont-des-Arts« , nous confie-t-elle.

Découvrez plus de photos au Mont-des-Arts sur le site du collectif de photographes engagés KRASNYI COLLECTIVE

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