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Un million de Belges se sentent seuls

Une grande partie de la population se sent seule. Si ce sentiment est parfois passager, certains ne s’en débarrassent jamais et sombrent dans la dépression, la maladie ou même la pauvreté.

L’époque est à la solitude. Après une longue journée de boulot, l’homme moderne n’a plus l’énergie d’aller répéter à la chorale du coin ou d’assister à une réunion du comité de quartier. Il préfère regarder la télévision tout en chattant avec des amis qu’il n’a plus vus depuis vingt ans. Aussi, n’est-il pas étonnant que 8 pour cent des Belges admettent se sentir très seuls. Il s’agit d’ailleurs d’une sous-estimation importante, car la plupart des gens ne l’avouent pas.

Facteurs de risque

Si chacun de nous peut se sentir seul, certains facteurs augmentent considérablement ce risque. Ainsi, d’importants changements peuvent entraîner un sentiment de délaissement : les gens qui n’ont jamais vécu seuls auparavant, les personnes qui ont vécu une rupture ou qui perdent leur travail, par exemple. « Quand on vit un divorce, on ne perd pas seulement le lien affectif avec son partenaire, mais souvent aussi avec une grande partie de son réseau. Quand on se retrouve veuf, on voit également se réduire son cercle d’amis » explique la chercheuse Leen Heylen de la haute école Thomas More. Que les personnes âgées se sentent souvent seules n’est donc pas dû à leur âge, mais au fait qu’un grand nombre d’entre elles ont déjà perdu leur partenaire. Comme la solitude les angoisse, beaucoup de personnes du troisième âge partent en maison de repos plus tôt que nécessaire.

Les personnes en état de santé précaire courent également plus de risque de se retrouver isolés. Leen Heylen: « Elles se retrouvent parfois dans un cercle vicieux : quand on a des problèmes de santé, on se sent souvent seul et les personnes qui souffrent régulièrement de la solitude risquent davantage de tomber malade, notamment parce que la solitude conduit plus rapidement à la dépression et à l’abus d’alcool ».

Par honte ou parce qu’elles ne peuvent pas se permettre d’aller au café, d’inviter des amis ou de s’affilier à un club, les personnes dans le besoin souffrent souvent de solitude. « La solitude pose un gros problème à un grand nombre d’entre elles » explique Tine Wyns, du CAW (Algemeen Welzijnswerk). « Ainsi, nous voyons que les sans-abri pour qui nous avons trouvé un logement retournent à l’accueil des sans-abri l’hiver suivant. Ils préfèrent rester là parmi les gens que seuls dans leur studio. Parfois, ils accueillent d’autres pauvres ou sans-abri chez eux pour lutter contre la solitude ».

Le groupe le plus surprenant de personnes seules se compose de jeunes qui volent de leurs propres ailes pour la première fois. 34 pour cent des étudiants qui contactent Teleblok, une ligne d’aide téléphonique et de chat anonyme, indique qu’ils n’ont personne sur qui prendre appui. Un grand nombre d’entre eux, généralement ceux qui sont en kot, ont du mal à s’habituer à ce changement.

Si ce sentiment de délaissement est souvent passager parmi les étudiants, d’autres personnes se sentent seules toute leur vie. Cette solitude s’avère souvent dévastatrice : elle rend malade, décourage de prendre contact avec les autres et fait parfois perdre confiance en l’autre.

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