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Un employeur condamné pour avoir discriminé un candidat trop âgé

Le Vif

Le tribunal du Travail de Gand a condamné un employeur parce qu’il n’a pas rencontré un candidat à un emploi de 59 ans, et ce uniquement pour des raisons liées à son âge. L’information est rapportée par Unia, le Centre pour l’Égalité des Chances interfédéral qui s’est rendu au tribunal après l’échec de plusieurs tentatives de conciliation.

25 000 euros

Le tribunal a balayé l’argument de l’employeur qui affirmait que les employés plus âgés ont du mal à se servir des logiciels utilisés. Le juge a condamné l’employeur à une astreinte de mille euros par nouvelle infraction, et à une indemnité pour la victime de 25 000 euros. En plus, il est obligé afficher sa condamnation à un endroit bien visible.

Appel

Il s’agit de la société Cuisines Dovy de Donald Muylle, célèbre pour ses publicités télévisées dans lesquelles il joue le rôle principal. Il envisage de faire appel contre la décision du juge. « Il s’agit d’un cas isolé où un collaborateur a envoyé un e-mail inacceptable de sa propre initiative » explique Mario Muylle, le fils de Donald Muylle, au quotidien Het Nieuwsblad.

« Signal fort »

D’après Unia, le jugement dénonce un problème de société fort sous-estimé. « Les personnes d’un certain âge sont toujours considérées comme moins flexibles, peu au fait des nouvelles technologies ou atteintes de problèmes de santé », déclare la directrice d’Unia Els Keytsman. « Le juge a eu raison de sanctionner ces préjugés. Il donne un signal fort à la société ».

D’après Keytsman, la discrimination fondée sur l’âge reste souvent invisible. L’année dernière, Unia a compté 80 dossiers relatifs à ce sujet. Plus de la moitié des dossiers (56%) concernaient le travail. Les catégories 45-55 ans (29%) et 55-65 ans (20%) sont les plus touchées.

Vieillissement

« Plusieurs études révèlent qu’un employeur sur trois estime que la discrimination liée à l’âge est justifiée et que les personnes de plus de 45 ans courent ce risque. La discrimination fondée sur l’âge n’est donc pas toujours prise au sérieux, et encore moins communiquée, alors que c’est un problème réel », affirme Keytsman, qui souligne que le phénomène risque encore de s’aggraver suite au vieillissement.

Coût élevé

Pour le SNI, il est vrai que de nombreuses entreprises préfèrent ne pas engager des travailleurs âgés. Mais, souligne le syndicat neutre pour indépendants dans un communiqué, « cela n’a absolument rien à voir avec de la discrimination parce que ces travailleurs seraient âgés, moins productifs ou moins flexibles, mais avec le coût total que les employeurs doivent payer pour un travailleur plus âgé ».

Et le SNI de prendre l’exemple d’un employé de la CP 200 dont le salaire variera de 32.723 euros sur base annuelle pour l’employé sans expérience à 47.398 euros pour le travailleur ayant 26 années d’expérience. « Il y a également les lourdes clauses de protection qui font qu’ils ont moins de chances sur le marché du travail. L’outplacement est obligatoire pour tous les travailleurs de 45 ans ou plus qui sont licenciés et il y a également le chômage avec complément d’entreprise, l’ancienne prépension, même si les règles ont été durcies ces dernières années », poursuit le le syndicat, ajoutant que les quinquagénaires et sexagénaires « peuvent bénéficier d’une réglementation particulière en ce qui concerne les crédits-temps et les vacances sénior. »

Pour le SNI, « tous ces facteurs font en sorte que les entreprises y réfléchissent à deux fois avant d’engager un travailleur âgé. »

(Belga/KVDA)

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