Toots Thielemans et son épouse Huguette © BELGA

Le Grand Jojo: « Un des derniers avec qui je pouvais blaguer en bruxellois »

Depuis l’annonce du décès de Toots Thielemans, harmoniciste et compositeur belge de jazz, les hommages se succèdent.

« Un des derniers avec qui je pouvais blaguer en bruxellois »

« C’est une très grande tristesse, une très très grande perte. J’espère qu’on lui érigera un monument, parce que s’il y en a bien un qui représentait la Belgique, c’était lui », souligne le Grand Jojo.

« Nos racines étaient les mêmes », se souvient le chanteur bruxellois, dont les grand-parents habitaient dans les Marolles, là où Jean-Baptiste dit Toots a grandi. « Quand on avait l’occasion de se rencontrer en dehors de la musique, il me racontait ses expériences aux Etats-Unis. On prenait aussi plaisir à parler ensemble en bruxellois. C’était l’un des derniers avec qui je pouvais blaguer en bruxellois », se remémore le Grand Jojo.

« Il souhaitait bon anniversaire en jouant de l’harmonica par téléphone. C’était un homme charmant, très amical, resté très simple. »

« C’est mon idole. Dans mon studio, j’ai plein de photos de lui. Il m’a même offert un harmonica », se rappelle encore le chanteur populaire. « C’est un monument, tout simplement ».

Le Grand Jojo ne doute pas que son ami Toots Thielemans recevra les funérailles qu’il mérite, mais il espère qu’un monument à son effigie sera construit à Bruxelles.

« C’est une véritable star bruxelloise qui nous quitte »

Le bourgmestre de Bruxelles Yvan Mayeur a déploré le décès de Toots Thielemans. « C’est une star bruxelloise authentique qui nous quitte. Le quartier des Marolles, où ses parents tenaient un café, perd également l’un de ses enfants », a-t-il regretté. La Ville rendra un hommage à l’artiste de renommée mondiale à 18h00, faisant vibrer la Grand Place au son de ses titres les plus connus.

Sentant ses forces diminuer et « afin de ne pas décevoir son public », Toots Thielemans avait décidé de mettre un terme à sa carrière en 2014. Il s’est éteint ce lundi à l’âge de 94 ans. « Le Jazz est en deuil. Nous le sommes aussi », a ajouté Yvan Mayeur.

Le Premier échevin de la Ville, Alain Courtois, a également salué la mémoire du joueur de jazz, un « ket de Bruxelles devenu citoyen du monde et qui a joué aux côtés des plus grands », a-t-il indiqué sur sa page Facebook.

Pour l’échevine bruxelloise de la Culture, Karine Lalieux, « c’est d’abord un très grand artiste international qui représentait magnifiquement la Belgique et Bruxelles qui est décédé, mais c’est aussi un Bruxellois de coeur que l’on perd. Un Bruxellois qui malgré sa renommée internationale était toujours là, présent dans les moments forts à Bruxelles, les moments folkloriques ou pour soutenir une cause ou une autre. On le voyait encore régulièrement au Meyboom, parfois à des remises du costume du Manneken Pis quand c’était avec le Grand Jojo. C’était un Bruxellois de coeur, un Marollien de coeur. C’est un grand humaniste que tout le monde pleure aujourd’hui », a-t-elle commenté.

Ce grand musicien du monde est resté un Brusseleir »

Henri Vandenberghe, directeur du festival Brosella Folk & Jazz, et Jean Demannez, représentant du festival annuel Saint-Jazz-ten-Noode, retiennent de Toots Thielemans son humanité et son humilité. Le jazzman à la renommée mondiale est décédé ce lundi à l’âge de 94 ans.

Parrain du festival Brosella depuis 1986, Toots Thielemans a joué le premier concert du festival en 1987. Il est alors venu avec Philip Catherine, qu’il a fait revenir plus tôt de vacances pour l’occasion. Depuis lors, Toots Thielemans a joué tous les cinq ans au festival, à l’exception de l’édition de cette année.

Henri Vandenberghe raconte que le virtuose de l’harmonica venait chaque fois avec quelque chose de nouveau, « un cadeau au public, un cadeau à la musique ». « Il avait une chaleur humaine qu’on trouve rarement à ce point-là chez les grands musiciens. Quand il montait sur scène, il disait bonjour à tout le monde et on entendait courir une souris. Tout le monde écoutait. Il avait ce charisme, cette approche, ce respect vis-à-vis de son public. Il a d’ailleurs arrêté de jouer il y a quelques années par respect pour lui-même, par respect pour le public, par respect pour les organisateurs, parce qu’il n’était plus sûr de donner la qualité minimale pour lui. C’est quelqu’un qui a continué à chercher jusqu’à son dernier concert quelles notes étaient de trop dans sa musique ». « Ce grand musicien du monde est resté un Brusseleir, avec les pieds sur terre », affirme-t-il.

Jean Demannez l’a connu à 18 ans dans le club de jazz « le Blue note », dans la galerie des Princes, où il jouait encore de la guitare avec Philip Catherine. Il est venu deux fois au festival Saint-Jazz-ten-Noode. « Son harmonica ne le quittait pas et il jouait à chaque fois qu’il pouvait sa chanson fétiche ‘Ne me quitte pas’ de Jacques Brel », se rappelle Jean Demannez. « Il acceptait facilement les cérémonies, les mariages, parce qu’il était un homme de contact et de convivialité, comme tout bon Bruxellois qui se respecte. C’était aussi un homme de caractère qui, quand il avait une idée derrière la tête, la menait très loin. C’était une personnalité forte. Il avait accepté de venir au Saint-Jazz-ten-Noode, parce que c’est un festival très proche des gens. Il aimait les contacts directs avec le public ».

« Un des plus grands jazzmen s’en est allé », témoigne le Palais royal

« Profondément attristés par décès de Toots Thielemans. Un des plus grands jazzmen s’en est allé. Toutes nos pensées à sa famille et ses amis », a tweeté lundi midi le Palais royal.

Fait baron en 2001 par le roi Albert II, l’harmoniciste Toots Thielemans a eu l’occasion de rencontrer à plusieurs reprises la famille royale. En 2014, il avait été reçu en audience par le roi Philippe et la reine Mathilde en hommage à sa carrière musicale exceptionnelle, juste après avoir annoncé qu’il y mettait fin.

« Nous perdons un immense musicien et personnellement un ami très cher », a aussi déclaré la princesse Léa de Belgique dans un communiqué.

Alda Greoli rend hommage à « l’un des plus grands musiciens contemporains »

La ministre de la Culture de la Fédération Wallonie-Bruxelles, Alda Greoli, a salué lundi la mémoire du musicien Toots Thielemans. Toots Thielemans « a inspiré et inspirera encore des générations de musiciens et donné du plaisir aux mélomanes du monde entier », a-t-elle indiqué, regrettant la perte « de l’un des plus grands musiciens contemporains ».

« Il était un des fondateurs de la scène jazz, non seulement dans notre pays, mais aussi sur la scène internationale dont il avait acquis les plus belles reconnaissances. Il a su donner ses lettres de noblesse à l’harmonica pour en faire un grand instrument de musique », a ajouté la ministre de la Culture.

Premiers hommages politiques au décès de Toots

Le Premier ministre Charles Michel a été lundi l’un des premiers responsables politiques à rendre hommage au musicien de jazz belge Toots Thielemans. « Nous perdons un grand musicien, une personnalité chaleureuse. Toutes mes pensées à la famille et aux amis de Toots Thielemans », a indiqué le chef du gouvernement fédéral sur Twitter.

« Une légende nous quitte… Que de souvenirs et de notes en tête. Quelques notes et toutes nos condoléances à la famille de Toots #Thielemans et à ses proches- #Bluesette », a pour sa part twitté le ministre des Affaires étrangères, Didier Reynders, après la mort du célèbre harmoniciste.

Jean-Baptiste Frédéric Isidore Thielemans ou, tout simplement « Toots », était l’un des musiciens belges les plus respectés et connus dans le monde.

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