Uber © Reuters

Uber prépare son offensive en Wallonie

Christophe Leroy
Christophe Leroy Journaliste au Vif

Après Bruxelles, Uber veut conquérir Liège et Charleroi d’ici un an. La Wallonie compte adapter son cadre légal pour autoriser les services de la société de covoiturage payant. Nouvelle guerre en vue avec le secteur des taxis ?

Rien ne semble entamer l’assurance d’Uber. Le 18 septembre dernier, soit deux jours après la manifestation européenne des taxis à Bruxelles, la société présente ses produits au ministre wallon de la Mobilité et des Transports, Carlo Di Antonio (CDH). Au centre des discussions : les services UberPop (covoiturage payant entre particuliers) et UberX (limousines et chauffeurs professionnels). Cette rencontre, organisée à la demande du ministre, constitue le point de départ des ambitions du géant californien en Wallonie. Malgré la vive polémique que suscitent les services d’Uber à Bruxelles, l’opération de séduction semble porter ses fruits.

Le patron belge d’Uber, Filip Nuytemans, espère investir Liège et Charleroi d’ici un an maximum. Au niveau de la demande, tous les signaux seraient au vert. « En dehors de Bruxelles, plus de 15 000 personnes ont déjà tenté de commander une voiture via nos applications », s’enthousiasme Filip Nuytemans. L’intérêt semble par ailleurs manifeste du côté des potentiels conducteurs Uber au sud du pays. L’administration wallonne chargée de délivrer les certificats de capacité professionnelle a déjà reçu un nombre « significativement élevé » de demandes en ce sens, comme le confirme le ministre Di Antonio.

C’est sur le plan juridique que les blocages surviennent. Dans une décision rendue le 23 septembre, le tribunal de commerce de Bruxelles a déclaré l’illégalité du service UberPop, en accordant un délai de 21 jours à la société pour y mettre un terme. Il est suspendu depuis ce 13 octobre. En Wallonie, le profil d’Uber ne cadre pas, à ce stade, avec le décret relatif aux services de taxis et aux services de location de voitures avec chauffeur. Mais la donne pourrait changer. Lors de leur rencontre avec Carlo Di Antonio, les représentants d’Uber s’étaient engagés à préparer une analyse juridique sur cet aspect. Elle est à présent finalisée. De son côté, le ministre confirme son intérêt pour la présence des services d’Uber sur le sol wallon. « Nous sommes dans un monde qui évolue, avec des technologies naissantes et intéressantes, commente-t-il. Il faut pouvoir les accueillir dans les respects des règles en matière de mobilité, de transports et de législation sociale. »

Une « guérilla » en cas de passage en force

Depuis que la société Uber a débarqué à Bruxelles, en février 2014, le secteur des taxis dénonce une concurrence déloyale. D’après le président de la Fédération belge des taxis, Khalid Ed-Denguir, il serait techniquement impossible d’adapter le cadre légal à leur ennemi numéro un sans porter un préjudice irrémédiable aux autres acteurs. « On essaie d’éviter au maximum que la situation dégénère, comme cela s’est vu en France, assure-t-il. Mais si Uber veut passer en force, il y aura des guérillas dans les rues. »

Selon les chiffres arrêtés au 1er octobre, la Wallonie compte 257 exploitants et 870 véhicules en circulation liés à un service de taxis. Le décret en vigueur fixe un seuil maximal d’un taxi pour 2 500 habitants. « Au regard de la population wallonne au 1er janvier 2015, il y a actuellement en moyenne un taxi pour 4 126 habitants », constate Carlo Di Antonio. Une manière d’affirmer que les chauffeurs Uber y auront leur juste place ? L’offensive est en marche.

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