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Trente-neuf millions contre le radicalisme

Le gouvernement fédéral a annoncé vendredi avoir débloqué 39 millions d’euros au service de la police et de la Justice dans le cadre d’un plan d’action « contre la radicalisation, l’extrémisme violent et le terrorisme dans la zone du canal », qui comprend sept communes bruxelloises, le territoire de Laeken (entité de la ville de Bruxelles), St-Gilles, Anderlecht, Molenbeek, Koekelberg, St-Josse et Schaerbeek, ainsi que Vilvorde en périphérie.

La délimitation de cette zone répond à la définition de « critères objectifs », a indiqué le ministre de l’Intérieur Jan Jambon, qui parraine ce plan transversal impliquant la Région bruxelloise, les communes concernées, cinq zones de police et deux arrondissements judiciaires. Il s’agit notamment de communes d’où sont partis et revenus des « combattants étrangers » généralement en lien avec une criminalité locale.

Le ministre ne s’est plus attardé sur les missions spécifiques qui incomberont au personnel engagé, invité selon son entourage à un certain nombre de « tâches opérationnelles ». Dans un premier temps, M. Jambon avait fait connaître son intention de « nettoyer Molenbeek », dans le collimateur après les attentats de Paris, son plan étant finalement élargi à la zone du canal et s’imbriquant même dans un cadre plus vaste comblé par mille policiers supplémentaires pour le pays à l’horizon 2019.

Concrètement, le « plan canal » prévoit l’affectation de 21,8 millions d’euros dans sa partie police et 17,1 millions d’euros pour la justice. Il est question de 160 policiers en plus pour la police judiciaire et 325 policiers en plus pour la police administrative, soit un total de 485 policiers pour la zone du canal, dont 300 dès cette année moyennement certains glissements.

Pour la justice, 32 personnes dont 8 magistrats viendront renforcer le ministère public dans les arrondissements de Bruxelles et Hal-Vilvorde. 46 personnes dont 4 magistrat viendront renforcer le Parquet fédéral. 32 personnes dont 8 magistrats viendront renforcer le siège. 12 spécialistes supplémentaires – en plus de ceux déjà engagés en 2015 – seront au service de la Sûreté de l’Etat.

Le plan canal permet de « libérer de la capacité policière afin d’apporter un soutien aux autorités locales, aux zones de police locales de certains endroits où la lutte contre le radicalisme et le terrorisme mérite une attention particulière », a souligné vendredi le Premier ministre Charles Michel. Ce plan s’inscrit dans le cadre d’une « dynamique de coordination », a-t-il insisté après l’avoir présenté avec le ministre Jambon aux bourgmestres et aux chefs de corps concernés.

Le plan vise également à détecter l’économie sous-terraine qui génère souvent une criminalité potentiellement en lien avec le terrorisme.

A vouloir brasser très large, on va louper la cible radicalisme, dit Yvan Mayeur

Au stade actuel du plan canal, on reste encore dans le flou sur de nombreux points et le choix qui a été fait consiste à ratisser trop large, au risque de manque l’objectif principal, à savoir la lutte contre le phénomène du radicalisme, a affirmé vendredi le bourgmestre de la Ville de Bruxelles, Yvan Mayeur (PS). Pour lui, contrairement à ce qui a été véhiculé, le niveau de pouvoir local a jusqu’ici effectué du bon travail, à l’image de la cellule radicalisme de la Ville, mais il manque de moyens, et ceux-ci ne sont pas près d’arriver. « Pour le moment, le vaste plan canal qui a été promis se résume à un plan Molenbeek-Koekelberg-Vilvorde, soit deux communes dirigées par le MR à Bruxelles et une commune flamande. Nous n’en verrons rien avant 6 mois, et il n’y a donc aucun renfort d’effectifs à attendre avant un an », a commenté Yvan Mayeur, interrogé par Belga. Pour le bourgmestre de la Ville de Bruxelles, la réunion entre le gouvernement et les bourgmestres des communes concernées à permis à ceux-ci de l’expliquer, ce qui tend à démontrer que l’on s’inscrit dans une dynamique de travail, mais certainement pas encore de travail abouti. « Il y a donc des choses bonnes à prendre, mais beaucoup d’autres ne sont ni claires ni concrètes, a-t-il dit.

On ne perçoit pas de trace d’évaluation, ni de plan radicalisme pur, estime Emir Kir

Le plan canal, présenté vendredi par le gouvernement fédéral, ne semble pas reposer sur une évaluation de ce qui a été fait jusqu’à présent. Il aurait dû avoir une portée à l’échelle du pays, a jugé vendredi Emir Kir (PS), bourgmestre de la commune bruxelloise de Saint-Josse-ten -Noode.

« Ce plan Jambon-Michel m’interpelle car il concentre le débat sur l’entité bruxelloise. Je ne comprends pas pourquoi on n’établit pas un plan national », a commenté le bourgmestre de Saint-Josse. Comme le bourgmestre de la Ville de Bruxelles, Emir Kir a déploré que le plan s’attarde, dans l’immédiat, aux seules trois communes de Molenbeek, Koekelberg et Vilvorde, car pour le reste, « c’est peanuts », a-t-il ajouté, insistant sur le fait que les recrutements policiers promis ne pourront pas être effectifs avant 12 à 18 mois. M. Kir a, par ailleurs, dit n’avoir perçu dans le plan sur la table, ni de traces d’une évaluation de ce qui a été fait, ni d’une focalisation sur le radicalisme lui-même.

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