Soraya Ghali

Travail : le stress est un danger pour l’entreprise

Soraya Ghali Journaliste au Vif

Encore ! Encore une enquête sur le stress au travail. C’est devenu le mot à rallonge de la crise. Cette fois, il s’agit d’un sondage mené par la mutualité Solidaris, en collaboration avec Le Soir et la RTBF.

Que livre-t-il ? Aucun scoop : ce sont des chiffres plus ou moins identiques à ceux d’autres enquêtes. C’est là le hic : la souffrance au travail est devenue le lot quotidien de nombreux travailleurs. Un chiffre, un seul, retient toute l’attention : 32 % des sondés avouent un stress très intense lié à leur travail. Toutes les catégories de travailleurs sont concernées, pas seulement les plus « faibles ». Il concerne autant l’employé que le cadre, le délégué commercial que le patron de PME. Pire : ce stress ne cesse de prendre de l’ampleur. En réalité, on peut pointer un seul point positif : en parler a longtemps été tabou, cela ne semble plus être le cas aujourd’hui…

Oui, mais que fait-on alors ? Face à la crise, pour beaucoup d’entreprises, la prévention du stress n’est pas un sujet de préoccupation. Il s’agit de la traverser sans déposer le bilan. C’est une erreur : le stress est un danger pour l’entreprise et l’économie. Car, tous les spécialistes l’affirment clairement : il n’y a pas de stress positif. Au contraire, le stress agit sur l’organisme (insomnie, irritabilité, tristesse…) et détruit des neurones, la mémoire. L’épuisement et le burn-out guettent.

Il est grand temps de passer à l’action. Des solutions existent. À commencer par les plus simples. Promouvoir un environnement de travail où il fait bon travailler doit devenir la règle. Cela passe par des aménagements simples : des surfaces décentes par poste de travail, des zones d’échanges, de réunion, de calme… Autre enjeu : l’équilibre entre vie personnelle et professionnelle. Ce débat doit être tranché par des réponses concrètes : favoriser les temps partiels, respecter les plannings des réunions et les horaires de fermeture, développer les horaires à la carte… Toutes ces mesures vont dans le sens d’un plus grand respect des horaires et des rythmes de travail. Pour éviter la fatigue liée au trajet domicile-travail, on peut aussi envisager des mesures peu coûteuses telles que l’incitation au télétravail, le covoiturage… Pour favoriser le bien-être des salariés, il existe des mesures à encourager : crèche d’entreprise, plus grande souplesse dans la prise des congés, etc. Tout cela crée une dynamique positive.
Mais cela ne suffit pas pour éradiquer ce stress professionnel, estiment les spécialistes. C’est bien d’une vision globale du problème auquel il s’agit de s’attaquer et non pas se contenter de prendre des initiatives au niveau des individus. En d’autres termes, le stress au travail est aussi une pathologie politique. Ces mêmes spécialistes recommandent de prendre des mesures structurelles. Lesquelles ? Recadrer la loi sur le bien-être au travail. En l’élargissant aux indépendants. En repensant les sanctions en cas de non-respect par les entreprises. En renforçant le travail des conseillers en prévention. En formant mieux les managers… Bref, ce ne sont pas les travailleurs qu’il faut soigner. C’est le travail qu’il faut changer.

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