Marianne Thyssen © Belga

Thyssen à l’Europe, un libéral Premier ministre

Le Vif

Marianne Thyssen (CD&V) sera proposée par la Belgique au poste de commissaire européen, ont annoncé officiellement jeudi les coformateurs Kris Peeters et Charles Michel au terme d’une difficile nuit de tractations. Le futur Premier ministre appartiendra à la famille libérale et sera quant à lui désigné à l’issue des négociations.

Les deux coformateurs continueront leur mission à la suite de leur entretien avec le Roi qui attend un rapport intermédiaire. Ils poursuivront notamment le travail budgétaire, à savoir la définition d’un cadre délimitant les politiques pour la prochaine législature moyennant un effort de 17 à 20 milliards d’euros.

Contrairement à ce qui était prévu, il n’y a en effet pas encore d’accord à ce sujet. Pressenti au poste de Premier ministre, Kris Peeters a fini par y renoncer, préférant appuyer la candidature de Marianne Thyssen à la Commission européenne. Il a loué ses qualités, le président du CD&V Wouter Beke soulignant pour sa part que cette « personnalité importante » renforcera la nouvelle équipe pour y prendre des décisions qui affecteront les Flamands dans leur vie quotidienne. Ne pouvant prétendre au cumul des postes importants en raison de son poids relatif, le CD&V renonce dès lors à la fonction de Premier ministre.

Nous choisissons de privilégier « le contenu », a commenté M. Beke après avoir justifié un « choix important » pour l’Europe. « Il n’y a pas que le ’16’ qui compte, il y a surtout le contenu de l’accord de gouvernement. Et on ne peut pas peser de la même façon qui si on était le plus grand parti », a-t-il fait valoir. Le chef du prochain gouvernement sera donc libéral. « Lorsque l’accord de gouvernement sera conclu, la famille libérale proposera le nom du futur Premier ministre », a indiqué le coformateur Charles Michel sans vouloir se prononcer plus avant à ce stade.

On imagine qu’au vu des équilibres à respecter, il reviendra à un MR mais l’Open Vld n’a pas fermé la porte à la désignation d’un libéral flamand. « Il est vrai que la famille libérale est divisée en deux entités », a souligné la présidente Gwendolyn Rutten. « On verra bien, ce sera quelqu’un de la famille libérale, la plus importante au sein de la coalition », a dit Alexander De Croo. L’Open Vld est toutefois le plus petit des quatre partis de la future majorité.

Régulièrement cité comme futur Commissaire européen, le vice-premier ministre MR Didier Reynders n’a pas encore réagi à l’accord intervenu jeudi matin. Il entre en ligne de compte pour le poste de Premier ministre tout comme son président de parti Charles Michel.

Portrait de Marianne Thyssen

Marianne Thyssen (CD&V) est la première femme belge à obtenir un poste de commissaire européen. En tant que membre du Parlement européen, où elle siège depuis 1991, elle s’est bâti une solide réputation sur la scène européenne. Elle a siégé à plusieurs reprises au sein de la commission économique et monétaire, où elle a contribué notamment aux négociations sur l’union bancaire.

Née en 1956, Marianne Thyssen a entamé sa vie professionnelle au sein de l’organisation patronale NCMW (l’ancêtre de l’Unizo), dont elle fut brièvement secrétaire-générale. A ce poste, elle engage le jeune Kris Peeters comme conseiller fiscal. Dès 1991, elle est élue au Parlement européen, où elle siège sans discontinuer depuis lors. Elle y a été élue pour la cinquième fois le 25 mai dernier, avec 340.026 voix de préférence, devancée seulement sur ce front par Guy Verhofstadt.

Dans les années 1990, elle siège dans la commission des Affaires économiques, monétaires et industrielles de l’assemblée. Entre 2004 et 2009, elle est active dans la commission du marché intérieur, où elle participe aux négociations sur la directive services. La proposition controversée du commissaire Frits Bolkestein est alors largement amendée par le Parlement, à travers un compromis que Mme Thyssen considère comme « un jalon dans l’achèvement du marché intérieur ». En 2008, elle se retrouve sous les projecteurs de la scène nationale belge, quand Kris Peeters et Yves Leterme lui demandent de prendre la direction du CD&V, alors encore le plus grand parti de Flandre. Le 15 mai, elle y est formellement élue avec 96% des voix. Elle connaît à ce poste des moments difficiles, marqués notamment par les démissions successives du Premier ministre Yves Leterme et des ministres CD&V Inge Vervotte et Jo Vandeurzen, à la suite de l’affaire Fortis.

En 2010, elle accepte de mener les troupes du CD&V aux élections législatives, après une nouvelle démission d’Yves Leterme et de son gouvernement, cette fois sur Bruxelles-Hal-Vilvorde. Tête de liste au Sénat, elle ne peut empêcher une défaite électorale. Dix jours plus tard, elle démissionne de la présidence. Wouter Beke lui succède. Après les élections de 2009, Marianne Thyssen rejoint une nouvelle fois la commission économique et monétaire du Parlement européen.

Dans le sillage de la crise financière, celle-ci doit traiter un volume sans précédent de projets législatifs. Marianne Thyssen joue un rôle de premier plan dans les négociations sur l’union bancaire. Réélue en mai dernier, elle devait siéger à nouveau dans la commission ECON, mais les partis en ont décidé autrement. Elle rejoint la Commission de Jean-Claude Juncker, où elle espère décrocher un portefeuille important.

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