Plan vigipirate en France. © Belga

Tâches policières confiées à des militaires : de la démagogie la plus crasse

Le SLFP Police a jugé mardi que l’éventualité d’une modification législative permettant de confier, temporairement, des tâches policières à des militaires relevait « de la démagogie la plus crasse ».

Le plus important syndicat des services de police s’oppose fermement à ce que cette possibilité soit mise en place, estimant que les militaires n’ont pas été formés à remplir le même type de tâches.

Les ministres de l’Intérieur et de la Défense, Jan Jambon et Steven Vandeput, avaient annoncé lundi travailler à une modification de la loi de police pour permettre à l’armée de mener, temporairement et sous certaines conditions, des interventions en rue en lieu et place des services de police.

« Dans notre propos, il n’y a aucun mépris à l’égard des militaires qui sont formés à l’art de la guerre », souligne le SLFP Police dans un communiqué signé par Vincent Gilles et Vincent Houssin, président et vice-président nationaux. « Rappelez-vous le printemps et l’été 1985 avec la menace que représentaient les CCC. Le gouvernement de l’époque (…) avait déjà imaginé cette ‘solution’ et on a vu, à côté de gendarmes, des para-commandos en mission de protection de divers lieux, en pleine rue, sans que cela soit du goût de la population ».

Selon le syndicat, la solution pour faire face de manière optimale à d’éventuelles menaces terroristes consiste en un refinancement de la police. « Le terrorisme est une matière policière, d’évidence. Alors, pourquoi ne pas enfin rendre à la police son financement pour que tout simplement les policiers puissent travailler », indique-t-il. « La police a livré en six ans 10 % de son budget, et ce gouvernement-ci a décidé qu’elle devait livrer encore 10 nouveaux % rien qu’en cette année 2015 », déplore le syndicat.

Dans l’état actuel des choses, un militaire ne peut se substituer à un policier, dont les tâches essentielles sont en contact direct avec la population civile au contraire de celles du premier. Les deux ministres N-VA envisagent par exemple de confier à l’armée des missions spécifiques de surveillance dès qu’un certain niveau de menace est atteint, à l’instar de ce qui existe en France.

Une telle modification législative, qui serait « en bonne voie » selon la Défense, irait de pair avec une réflexion budgétaire, les militaires devant être rétribués pour ces nouvelles tâches. Le président du CD&V Wouter Beke avait réagi lundi en ne se disant pas opposé à la modification envisagée, tout en estimant qu’il ne s’agissait en aucun cas d’une solution durable.

Les syndicats policiers rencontrent par ailleurs mardi après-midi le cabinet de Jan Jambon pour discuter de la sécurité des agents de police, après que des rumeurs aient circulé au sujet de prétendus appels de l’Etat Islamique à s’attaquer à ces derniers ainsi qu’à leurs familles.

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