Ettore Rizza

Sur Facebook, partageons avant tout la qualité

Ettore Rizza Journaliste au Vif/L'Express

Depuis quelques semaines, Facebook a modifié les paramètres en fonction desquels une actualité apparaît dans la page d’accueil. Avec le risque de favoriser encore plus l’émotion et l’anecdote au détriment du sens.

En jargon Facebook, on appelle cela l’Edgerank. Kézako ? Une formule mathématique. C’est elle qui détermine ce qui apparaîtra ou non sur votre « timeline », cette page d’accueil sur laquelle s’affichent les actualités du jour. Celles de vos amis, mais aussi celles diffusées par les marques ou les médias auxquels vous vous êtes abonnés. Autrement dit, Facebook sélectionne les contenus le plus susceptibles de vous intéresser.

Récemment, le réseau social au milliard d’inscrits a modifié cette formule. Avec comme conséquence que les marques devront faire beaucoup plus d’efforts pour que leurs contenus apparaissent dans le fil de leurs « fans ». L’idée, on le devine, est d’encourager les entreprises à payer pour mettre leurs publications en valeur.

Mais il existe d’autres moyens de parvenir au même résultat gratuitement. En effet, la formule de l’Edgerank accorde une importance déterminante à l’engagement des utilisateurs. Traduit en français : plus vous cliquez sur « j’aime » lorsqu’une page publie du contenu, plus vous le commentez, plus vous le partagez, et plus le contenu de cette page vous sera soumis à l’avenir. Décuplant ainsi les chances que vous l’aimiez à nouveau, le commentiez ou le partagiez.

Or les professionnels du marketing savent ce qui plait aux utilisateurs. On vous le donne en mille, il s’agit rarement de dissertations philosophiques. Les photos ou les petits sondages, par exemple, l’emportent largement sur les vidéos ou les liens. Sont également privilégiés les messages écrits dans un langage simple, en peu de mots et, surtout, à fort contenu émotionnel.

Cette popote interne à Facebook n’aurait guère d’intérêt si elle ne risquait de modifier le comportement des marques. Notamment celui des médias en ligne. A quoi bon publier un lien vers l’enquête du siècle si personne ne le voit ? Alors qu’une photo de chaton ou un fait divers atroce récolteront immanquablement leur lot de partages et de commentaires amusés/outrés. Peu importe la qualité des réactions, ni même leur caractère positif ou négatif : seul compte leur nombre.

Partager sur Facebook une info idiote afin de dénoncer son idiotie, commenter le vide pour signaler sa vacuité, revient dans les faits à encourager l’idiotie et le vide. Et participer ainsi au nivellement par le bas de l’information en ligne.

Si vous approuvez cet article, vous pouvez cliquer sur « recommander » au bas de la page, ou le commenter sur Facebook. Si vous le jugez stupide, surtout, surtout, ignorez-le. Sur le Web bien plus que dans les médias traditionnels, le public a et aura encore plus à l’avenir l’information qu’il mérite.

Ettore Rizza

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