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Soldes: quelques astuces pour ne pas se faire avoir

Le mois de juillet est souvent caractérisé par la frénésie des achats due à la période des soldes, mais parfois les commerçants ont de petites astuces pour arnaquer le consommateur. Comment passer la période sans se faire plumer ? Interview de Jean Philippe Ducart, porte-parole de Test-Achats.

La période des soldes peut parfois donner lieu à des arnaques ou des mensonges de la part de certains professionnels. Quelles sont les arnaques les plus courantes ?

Le principal problème auquel peuvent être confrontés les consommateurs en période de soldes est celui du prix de référence. Par prix de référence, on entend le prix le plus bas auquel était vendu l’article pendant le mois précédent la période de promotion. Parfois, malheureusement, le prix sur lequel est calculé la remise est biaisé, augmenté, pour faire croire à une réduction qui n’en est pas une. C’est notamment le cas dans les secteurs non directement soumis à la législation sur les soldes (meubles, électronique, électroménager, etc.)

Que dit la loi belge en matière de fixation des prix ?

La nouvelle loi sur les pratiques du marché stipule que les magasins qui ne vendent pas de produits saisonniers, comme les magasins de meubles et d’électronique, peuvent proposer des produits avec réduction sous l’appellation « soldes » (ce qu’ils faisaient du reste déjà avant) pendant les deux périodes officielles de soldes. Contrairement aux autres secteurs, comme les vêtements, les chaussures, les articles de maroquinerie, ils ne doivent pas tenir compte d’une période d’attente. À savoir la période d’un mois qui précède la période officielle des soldes et au cours de laquelle les marchands de chaussures, par exemple, ne peuvent plus annoncer de démarques. La loi sur les pratiques du marché précise par ailleurs que les vendeurs – de tous les secteurs – doivent aussi mentionner lors des promotions, à côté du nouveau prix réduit, le prix de référence. Soit le prix le plus bas d’un produit au cours du mois ayant précédé la promotion. Certains produits restent plusieurs mois en promotion, de sorte que le prix de référence et le prix promotionnel sont identiques. Cette pratique n’est pas légale.

Pourriez-vous nous donner un exemple pratique?

Lorsqu’un commerçant vend un lecteur MP3 en juin au prix de 49 euros au lieu de 59 et qu’il veut le reproposer en promotion en juillet, le prix de référence doit être de 49 euros. Et c’est sur ce prix que doit être calculée la ristourne (ex. -10 %). Autrement dit, le prix soldé en juillet doit être inférieur au prix promotionnel de 49 euros.

Avez-vous quelques exemples d’arnaques pratiquées durant la période des soldes ?

Il y en a plusieurs… L’été dernier, nos enquêteurs se sont rendus dans les principales artères commerçantes d’Anvers, de Bruxelles et de Mons pour vérifier si les magasins de vêtements, de chaussures et de maroquinerie ne prenaient pas le consommateur pour un pigeon. Lors de notre première visite en juin, pendant la période de pré-soldes, plusieurs commerçants proposaient déjà des promotions sous la forme de « deux articles achetés, le troisième gratuit ». Le procédé n’est en principe pas interdit, car la loi sur les pratiques du marché autorise divers subterfuges, comme celui de l’offre groupée. Toutefois, lorsque nous y sommes retournés en juillet, nous nous sommes immédiatement aperçus que la plupart des étalages avaient été modifiés. Dans 77 % des cas, soit les mannequins de la vitrine avaient été déshabillés et arboraient un drapé fait de sacs en plastique, soit l’étalage était carrément vide. Tous ces changements ont pour but d’indiquer au passant qu’il y a de bonnes affaires à faire à l’intérieur. En revanche, il devient difficile de comparer les prix soldés avec les prix pratiqués le mois précédent.

Les commerçants peuvent-ils vendre, durant ces périodes, des produits qu’ils ont en stock depuis des années, des articles de collections précédentes?

Cela dépend des secteurs. Ceux soumis à la législation (habillement, chaussures, maroquinerie) doivent écouler leur stock saisonnier, mais c’est pratiquement incontrôlable. N’oublions pas que les soldes sont une période de déstockage. À partir du moment où ils ont des produits dans leurs stocks les commerçants peuvent tout à fait les ressortir et les proposer à nouveau à la vente lors de cette période. Ce n’est pas illégal tant que les produits sont restés dans les stocks du marchand.

Que peut faire le consommateur s’il se rend compte qu’il a subi une arnaque ? Quels sont les outils à sa disposition pour se protéger ?

Il faut d’abord s’adresser directement au commerçant. Si cela ne marche pas, je conseille de déposer plainte auprès de l’Inspection économique, responsable de l’application de la réglementation en matière de soldes.

Propos recueillis par Anna M. Volpe

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