Pierre Havaux

Si Bart De Wever s’enrhume, la Belgique éternue

Pierre Havaux Journaliste au Vif

Le leader de la N-VA est rattrapé par ses ennuis de santé. La condition physique du président de la première formation politique du pays ne peut laisser indifférent les partis en campagne. A commencer par la N-VA, qui se retrouverait emmenée par un Bart De Wever trop fragile pour tenir la distance.

Le monde politique n’en est pas à se précipiter au chevet de Bart De Wever. Mais la nouvelle hospitalisation du leader de la N-VA pour une méchante infection virale qui semble ne pas vouloir le quitter, ne peut laisser insensible le monde politique à la veille d’une campagne électorale sous haute tension.

C’est que Bart De Wever n’est pas tout à fait un patient comme les autres. Il est le chef de file du premier parti politique du pays, à la veille d’un scrutin que l’on présente comme crucial, sinon pour l’avenir du pays, au moins pour les couleurs de la N-VA.

Le moment n’est pas des plus indiqué pour flancher et encaisser un coup de mou. Or, celui que vient de connaître Bart de Wever n’est pas le premier du genre : en novembre dernier, un malaise au Parlement flamand, consécutif à une infection bactérienne aux voies respiratoires, l’avait déjà contraint à un bref séjour à l’hôpital.

C’est grave, docteur ? Non, s’il faut en croire la N-VA. Qui a tout de même jugé bon de ne communiquer la nouvelle rassurante que trois jours après l’hospitalisation, une fois Bart De Wever sorti des soins intensifs.

Remis sur pied, le président de la N-VA, qui est aussi bourgmestre d’Anvers, n’aura guère le temps de souffler ni de reprendre des forces avant de replonger dans la mêlée. Gênant, dans l’optique d’un prompt rétablissement. Un Bart De Wever mal rétabli faute de temps, pourrait fort bien rechuter.

Ce genre de contrariété à répétition finirait alors par s’inviter dans la campagne jusqu’à influer sur son cours. Une épreuve de force électorale n’a rien d’une promenade de santé. Elle exige de ses acteurs, surtout s’ils jouent les premiers rôles, d’être au sommet de leur art. Et de leur forme physique.

La N-VA ne le sait que trop. Après la démonstration de force réussie lors de son congrès fin janvier, la voici confrontée aux signes de fragilité donnés par son leader incontesté. La disponibilité de Bart De Wever aux moments cruciaux de la campagne pourrait en pâtir. Son absence dans les débats électoraux ne manquerait pas d’être remarquée. Et son absence à la barre du parti pour tenir le cap entre ses courants internes parfois tumultueux (les Bracke, Weyts, Bourgeois, Jambon et consorts) pourrait se faire cruellement sentir.

Le parti n’est cependant pas sans ressources, s’il fallait pallier le passage à vide présidentiel. Rien ne dit même que la N-VA s’en porterait forcément plus mal à court terme, avance Pierre Verjans, politologue à l’Université de Liège. « Une campagne électorale en dehors de la présence de De Wever pourrait lui être favorable, car son rôle symbolique ne manquerait pas d’augmenter. Le parti pourrait utiliser l’absence de De Wever d’une façon presque aussi efficace que sa présence. »

A condition que la situation ne se prolonge pas au stade des négociations gouvernementales. Que Bart De Wever aurait bien du mal à aborder en position de faiblesse… physique.

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