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Secteur socio-culturel francophone : SOS d’un secteur en détresse

Budgets rabotés, moratoire sur la reconnaissance de nouveaux opérateurs, morcellement des sources de financement, cadre légal parfois dépassé ou inachevé: les acteurs des secteurs socio-culturels en Fédération Wallonie-Bruxelles ont lancé jeudi un véritable signal de détresse à l’attention du monde politique.

Invités à expliquer leur réalité devant les membres de la commission Culture du Parlement de la Fédération, les représentants des bibliothèques, centres culturels, musées, et autres centres d’archives du sud du pays ont tracé les contours d’un secteur au bord de l’asphyxie, lequel emploie tout de même quelque 8.300 équivalents temps plein.

« Je dois vous dire honnêtement qu’il y une démotivation sur le terrain », a résumé devant les députés Jean-Michel Dewane, au nom de l’association professionnelle des bibliothécaires. « La patience se perd. La passion s’étouffe », a renchéri de son côté Liesbeth Vandersteene, représentante du réseau des centres culturels agréés en Fédération Wallonie-Bruxelles.

Outre la réduction des fonds communautaires, les centres culturels, comme les autres acteurs socio-culturels, reçoivent également moins de fonds de la part des communes ou provinces, elles aussi sous pression financière. Conséquence: seuls 10% des 115 centres culturels jouissent aujourd’hui d’une situation financièrement saine, ce qui entraîne son lot de licenciements, de burn out, et de démissions de directeurs de centres complètement découragés.

Crise économique oblige, le mécénat, tout comme les recettes de vente de billets d’entrée au public, génèrent eux aussi moins qu’auparavant. Ainsi, entre 2004 et 2012, les musées wallons ont enregistré une diminution du nombre de leurs visiteurs de l’ordre de… 20%, a illustré Françoise Gohy, au nom des 150 musées wallons.

Autre souci: le secteur socio-culturel francophone vit beaucoup grâce aux différents mécanismes d’aides à l’emploi, tels que les contrats ACS ou APE.

Mais « le problème de ces contrats de mise à l’emploi », a poursuivi Françoise Gohy, « c’est qu’ils se sont transformés au fil du temps en aides structurelles. Or, avec la réforme des contrats APE et ACS, il devient désormais très difficile de planifier l’avenir avec ces subventions ». Et ces emplois ACS ou APE sont les moins à plaindre.

Selon Isabelle Gillard, de la fédération des centres d’expression et de créativité, certains travailleurs du secteur acceptent d’être payés « 5 euros de l’heure, ce qui est moins qu’une baby-sitter… », a-t-elle dénoncé.

Face à ce constat sans fard, les acteurs socio-culturels ont demandé jeudi au Parlement d’adopter une résolution qui réaffirme l’importance de leur secteur et qui garantisse son financement « structurel et pérenne ».

Ils souhaitent aussi que les autorités publiques diligentent une étude approfondie sur la santé financière du secteur et l’impact des économies imposées année après année.

« Dans cette période d’étranglement à laquelle nous sommes confrontés, il y a un risque de voir la vie culturelle s’effondrer et de devoir tout réorganiser sur un champ de bataille… », a averti en guise de conclusion Matteo Segers, directeur de l’association des centres culturels.

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