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Restore Hope : il y a vingt ans, les Belges tentaient de pacifier la Somalie

L’armée belge célèbre mercredi, mais en toute discrétion, le 20ème anniversaire de son arrivée en Somalie, où elle a tenté durant un an de rétablir un semblant d’ordre, dans un pays en pleine guerre civile, au prix de six morts.

Aucune commémoration particulière n’a été organisée pour marquer l’arrivée, le 12 décembre 1992, des premières troupes belges à Mogadiscio, la capitale somalienne, dans le cadre de l’opération « Restore Hope » (« Rendre l’Espoir ») dirigée par les Etats-Unis afin de mettre fin au pillage de l’aide humanitaire dans ce pays de la Corne de l’Afrique en proie à l’anarchie.

Les premiers Belges étaient arrivés à Mogasdiscio peu avant la mi-décembre. Ils avaient rapidement été dirigés vers la ville portuaire de Kismayo, dans le sud de la Somalie, se souvient leur commandant de l’époque, le général-major – désormais en retraite – Marc Jacqmin. Il était alors lieutenant-colonel et dirigeait le 1er bataillon parachutiste de Diest, qui formait le noyau de la participation belge à cette grande opération humanitaire comptant plus de 38.000 hommes.

Une compagnie de ce bataillon avait débarqué à Kismayo le 20 décembre, à bord d’engins amphibies de l’US Navy pour y établir une tête de pont de l’opération « Restore Hope » aux côtés de troupes américaines. Le reste des troupes belges avait suivi le 21 puis le 24 décembre, avant l’arrivée du navire « Zinnia » de la Marine, puis d’un bâtiment transportant le charroi lourd, dont des blindés légers de type CVRT, en janvier 1993.

« Je commandais alors un contingent de quelque 950 hommes », a raconté à l’agence BELGA le général Jacqmin, qui avait été promu colonel sur place, le 26 décembre 1992.

Les Américains s’étaient toutefois rapidement retirés de Kismayo, laissant les Belges contrôler tant bien que mal cette ville d’importance stratégique, son port, et la basse vallée de la Juba disputés par les milices de « seigneurs de la guerre » – principalement le général Mohamed Said Hersi (dit « Morgan », le beau-frère de l’ancien président Siad Barré, renversé en 1991) et le colonel Ahmed Omar Jess.

En mai 1993, l’opération était passée sous le commandement des Nations Unies, devenant l’ONUSOM (Opération des Nations Unies en Somalie), avec quelque 20.000 Casques bleus et huit mille civils munis d’un mandat « musclé ».

Les troupes américaines avaient pour leur part quitté la Somalie le 31 mars 1994, après la mort de 18 GI’s le 3 octobre 1993 à Mogadiscio, lors d’une désastreuse tentative de capture d’un des principaux chefs de guerre, le général Mohamed Farah Aïdeed. Une désastreuse mission qui servira de fil narratif à Black Hawk Down (La Chute du Faucon Noir ), un film de Ridley Scott.

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Les derniers Casques bleus de l’ONUSOM avaient plié bagage le 2 mars 1995 en plein désarroi, sans résoudre les causes profondes de la crise somalienne, où les combats entre factions rivales ont conduit à l’éclatement du pays en continuant à faire des morts malgré plusieurs conférences de paix. Vingt-et un ans après la chute de Siad Barré, la Somalie reste en effet sans autorité centrale, partagée en de multiples régions sous contrôle de chefs de clans locaux, malgré la mise en place d’un gouvernement national de transition (GNT) en août 2000.

Les militaires belges avaient pour leur part cédé le relais à Kismayo à la mi-décembre 1993 à un contingent de Casques bleus indiens lourdement armés – notamment avec des chars d’assaut T-72 de conception soviétique.

« Restore Hope » et l’ONUSOM se sont soldées par la mort de trente soldats américains, de 68 militaires d’autres nationalités (dont six Belges) et de 262 blessés parmi les Casques bleus. Les victimes somaliennes se sont chiffrées par milliers.

L’armée belge, qui était à l’époque déjà présente en ex-Yougoslavie sous l’égide de l’ONU, avait enchaîné avec une mission au Rwanda, où dix Casques bleus avaient trouvé la mort à Kigali, le 7 avril 1994.

Après le départ des troupes étrangères, la Somalie avait replongé dans le chaos. Elle n’en émerge que petit à petit avec la mise en place de nouvelles institutions encore fragiles – parlement, gouvernement et président – en septembre dernier, qui ont repoussé, avec l’aide de troupes africaines, les islamistes shebab de plusieurs régions qu’ils occupaient depuis des années. Les activités des pirates somaliens ont aussi reculé, grâce à la présence de plusieurs flottilles de navires de guerres occidentaux, mais aussi russes et asiatiques.

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