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Qui est Mohamed Abrini ?

Le Vif

Il était le deuxième homme, l’autre fugitif recherché par toutes les polices dans l’enquête sur les attentats du 13 novembre à Paris: mais le rôle exact de Mohamed Abrini, arrêté vendredi à Bruxelles trois semaines après son ami Salah Abdeslam, reste à éclaircir.

Sur une photo diffusée par la police belge, Abrini, 31 ans, collier de barbe bien taillé, pull sombre et jogging, rentre dans une voiture noire, côté conducteur, des en-cas à la main. « 1m75 », « corpulence athlétique », précisent les enquêteurs. Yeux bruns, visage fin, né le 27 décembre 1984. « Dangereux et probablement armé ».

L’image date du 11 novembre, en début de soirée: le Belgo-Marocain, originaire de Molenbeek, cette commune populaire de Bruxelles désormais connue pour avoir vu grandir de nombreux jihadistes, s’est arrêté dans une station-service de Ressons, au nord de Paris, dans le sens Bruxelles-Paris.

Sa voiture ? La Clio noire qui servira deux jours plus tard à convoyer les kamikazes au Stade de France. Son compagnon de route ? Salah Abdeslam, son vieil ami, devenu l’ennemi public numéro 1 jusqu’à son arrestation le 18 mars.

Quelques heures plus tard, le 12 novembre vers 03H00 du matin, les deux hommes sont vus à Bruxelles, où ils croisent Brahim Abdeslam, un des kamikazes du 13 novembre, et la Seat Leon avec laquelle seront perpétrées les tueries des terrasses. Les enquêteurs pensent qu’Abrini accompagnait aussi les frères Abdeslam lors de deux autres voyages entre Bruxelles et Paris, les 10 et 12 novembre.

« Quelqu’un qui aime beaucoup l’argent »

Et ensuite ? La famille d’Abrini, rencontrée par l’AFP en novembre, jurait qu’il était à Molenbeek le soir du 13, à l’heure des attentats.

Ses voyages entre Bruxelles et Paris si près des attentats en font au moins un possible logisticien. Avec Salah Abdeslam, il était l’autre suspect visé par un mandat d’arrêt européen des juges antiterroristes parisiens.

Mohamed Abrini et Salah Abdeslam sont des amis de longue date et leurs familles habitent à deux pas, à Molenbeek. Salah et Mohamed « étaient copains depuis l’adolescence, mais ils n’ont pas fait l’école ensemble », avait répondu la mère du second, persuadée que son fils ne pouvait y avoir participé.

Abrini a grandi entouré de trois frères et deux soeurs, puis a abandonné à 18 ans ses études de soudeur, avait expliqué sa famille.

Une très longue liste de vols et de détention de drogues, depuis le début des années 2000, remplit le chapitre des antécédents judiciaires. Son frère avait confirmé plusieurs séjours en prison ces dernières années.

« Brioche », son surnom parce qu’il travaillait dans une boulangerie, « est quelqu’un qui aime beaucoup l’argent et qui a manipulé beaucoup d’argent. En fait, il a la réputation d’avoir fait un coup de 200.000 euros. C’est un voleur. Il n’a jamais parlé de religion ou quoi que ce soit », avait aussi raconté aux enquêteurs l’un des inculpés dans le volet belge de l’enquête, Ali Oulkadi.

Repéré comme islamiste radical par les services belges, Abrini est aussi soupçonné de s’être rendu en Syrie en 2015 pour un bref séjour. Son petit frère, Soulaimane, y est mort à 20 ans. Il était connu des services antiterroristes pour avoir été membre de la même katiba (cellule) qu’Abdelhamid Abaaoud, l’un des organisateurs des attentats de Paris, membre du trio des terrasses tué dans un raid policier quelques jours plus tard au nord de Paris.

« Il n’a jamais parlé » de partir en Syrie ou de l’Etat islamique (EI), défendait sa mère. « Ils disent: il est dangereux, il est armé. Ça me rend malade », soupirait-elle.

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