© Reuters

Qui est l’homme au n½ud papillon ?

« Elio j’étais, Elio je suis, Elio je resterai.  » Retour sur la carrière de notre nouveau premier ministre, Elio Di Rupo.

Nommé Premier ministre par le roi Albert II, Elio Di Rupo est le premier homme politique francophone à s’installer au 16 rue de la Loi depuis le Bruxellois Paul Vanden Boeynants (PSC), en 1979. Le dernier socialiste francophone à ce poste fut le Wallon Edmond Leburton en 1974.

La désignation de l’homme au noeud papillon -qui intervient après une crise politique historique longue d’un an et demi- constitue une véritable consécration politique pour ce fils d’immigrés italiens. Un « rêve américain » à la belge, selon les mots du libéral flamand
Vincent Van Quickenborne.

Président du parti socialiste depuis 1999, bourgmestre de Mons depuis 2000, Elio Di Rupo accède à la magistrature suprême belge non dépourvu d’expériences exécutives antérieures: en 1992 comme ministre de l’Education, en 1994 comme vice-premier ministre fédéral des Communications, puis comme ministre-président wallon en 1999, une fonction qu’il retrouve en 2005.

Âgé aujourd’hui de soixante ans, Elio Di Rupo est né à Morlanwelz le 18 juillet 1951. Il est le cadet d’une famille d’immigrés italiens de sept enfants arrivés en Belgique. Son père, travailleur dans une mine de charbon, meurt alors qu’Elio Di Rupo n’a qu’un an.

Chimiste

À 20 ans, le jeune homme devient technicien chimiste, mais décide d’aller plus loin. En travaillant dans un café pour payer ses études, il décroche -avec grande distinction- une licence en chimie à l’université de Mons qu’il complétera par un doctorat à l’issue d’un passage à l’université de Leeds (Angleterre).

Chercheur, assistant, il devient en 1985 directeur de recherche et inspecteur général à l’Inspection générale de l’Energie au ministère de la Région wallonne avant d’intégrer différents cabinets ministériels wallons.

En 1982, il est élu conseiller communal à Mons, puis échevin de la Santé, de la Rénovation urbaine (environnement) et des Affaires sociales en 1986. Elu l’année suivante député, il quittera ce mandat pour un siège au Parlement européen en 1989.

Il revient sur la scène nationale lors des élections 1991, mais en tant que sénateur cette fois, en recueillant 31.000 voix de préférence. En janvier 1992, il rejoint l’exécutif de la Communauté française et prend en charge l’Education. Il affronte la fin de la grogne enseignante du début des années 90 et lance une série de réformes profondes. En mai 1993, il reçoit en sus la compétence sur l’audiovisuel.

À la suite de la démission de Guy Coëme mis en cause dans le scandale Agusta, il entre en janvier 1994 au gouvernement fédéral et devient vice-premier ministre et ministre des Communications et des Entreprises publiques.

Le 21 mai 1995, il est à nouveau élu député dans l’arrondissement de Mons-Soignies et devient vice-premier ministre en charge de l’Économie et des Télécommunications. Il sera ensuite chargé du Commerce extérieur.

Défenseur de la présomption d’innocence
En 1996, dans le contexte de l’affaire Dutroux, il est accusé par un jeune homosexuel, Olivier Trusgnach, de l’avoir abusé sexuellement alors qu’il était mineur. Un jugement le blanchit totalement. Marqué par cette affaire qui révèle au grand public son orientation sexuelle, il se fera alors le défenseur régulier de la présomption d’innocence.

Après les élections de 1999, il négocie les accords du gouvernement « Arc-en-ciel » et devient ministre-président wallon. Il quitte toutefois rapidement la fonction lorsqu’il est élu, en octobre de la même année, président du PS lors du premier suffrage universel des membres du parti.

En 2005, il redevient ministre-président de la Région wallonne à la suite de la démission de Jean-Claude Van Cauwenberghe, emporté par les affaires liées à la gestion de la ville de Charleroi. Il cumule alors les fonctions de président du PS et de ministre-président, et reste le bourgmestre empêché de Mons.

Réélu très confortablement (89,5%) à la tête du PS en juillet 2007, il cède l’Elysette à Rudy Demotte et redevient bourgmestre à part entière de Mons.

Après les élections du 10 juin 2007, une majorité orange bleue tente de former une coalition de centre-droit. Mais c’est le blocage. La Belgique plonge dans une nouvelle crise institutionnelle. Le PS est invité à la rescousse.

Une longue négociation Le 10 juin 2010, lors d’élections fédérales anticipées, le PS redevient le premier parti en Communauté française, ce qui l’amène à composer avec les nationalistes flamands de la N-VA, vainqueur incontestable en Flandre.

Le 8 juillet 2010, alors qu’on lui prête l’ambition de devenir Premier ministre, Elio Di Rupo est chargé par le roi d’une mission de préformation du gouvernement, mais le 3 septembre 2010, il jette l’éponge. Il reprendra la main en mai 2011 lorsque le roi le chargera de former un gouvernement. À la fin du mois de mai, il est réélu confortablement à la présidence du PS.

Il rédige en quelques semaines une note de compromis qui sera finalement rejetée par la N-VA. Le 21 juillet 2011, socialistes, libéraux, démocrates-chrétiens et écologistes tant du nord que du sud du pays décident alors d’aller de l’avant sous la houlette d’Elio Di Rupo.

Ils mettront encore près de six mois pour s’entendre à huit sur une sixième réforme de l’État et à six (sans les écologistes) sur une réforme socio-économique et un budget.

LeVif.be avec Belga

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire