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Producteurs laitiers : « Manger en 2020 sera un luxe »

Venus des quatre coins de l’Europe, les producteurs laitiers ont manifesté lundi à Bruxelles face au Parlement européen dans le but de peser sur de futures décisions européennes cruciales pour l’avenir du secteur. Environ 800 tracteurs et 2.000 manifestants se sont retrouvés dans la capitale pour défendre un prix du lait honnête et équitable. Quelques petites échauffourées ont éclaté entre manifestants et policiers. Mardi, d’autres actions symboliques sont prévues, selon European Milk Board Office (EMB), organisateur de la manifestation.

« On ne sait vraiment plus s’en sortir. Nous sommes obligés de faire de l’élevage, impossible de se diversifier », se plaignaient Ghislain et Benoît, fermiers en région vierviétoise et manifestants d’un jour.

Même son de cloche pour Mateuzs, originaire de Lebzmo en Pologne. « Les prix sont aussi trop bas chez nous. C’est bien simple, lorsqu’on se lève le matin, on sait que la journée de travail ne rapportera pas un seul euro. »

Pour Wim, un Néerlandais dont l’exploitation se trouve dans la région d’Arhnem, « la présence des producteurs à Bruxelles est essentielle. Les gens assis dans les bureaux des institutions européennes vont prendre des décisions qui auront un impact direct sur ma vie et celle de mes collègues européens ».

Vers 14H00, lundi, plusieurs dizaines de tracteurs venus de Belgique et de l’étranger, ont débouché sur le place du Luxembourg dans un concert de klaxons, de coups de sifflet et d’applaudissements des manifestants. Sur les nombreux engins agricoles, on pouvait lire, entre autres, divers slogans comme « L’union fait la force, les producteurs de lait solidaires », « Pas de nourriture sans agriculture », « Producteurs de lait assassinés, vos enfants affamés » ou encore « Manger en 2020 sera un luxe ».

Parmi les calicots, se trouvait encore ce dernier: « Politique ultra libérale = Mort de l’agriculture familiale ». Des mots qui ne laissent pas Benoît, Binchois de 24 ans, indifférent. « Pour un jeune comme moi, les perspectives d’avenir ne sont pas encourageantes. J’ai envie de reprendre l’exploitation familiale. Dans mon cas, cela signifie devoir emprunter pour payer la part de mes frère et soeur. Comment s’endetter pour des sommes importantes sans pouvoir gagner dignement sa vie?  »

Edwin Schöpges, président de la branche belge de l’European Milk Board Office (EMB), l’a encore rappelé lundi. « Comment pouvons-nous garder la tête hors de l’eau à partir du moment où le prix du litre de lait s’élève en moyenne à 0,26 euro à la vente et coûte 0,40 euro à la production ? »

L’inquiétude est grande chez les agriculteurs. Souvent, ils n’ont pas le choix de leur activité agricole. « Nous sommes des éleveurs normands », expliquent un groupe de fermiers français réunis sur la place de Luxembourg. « A part les bocages, il n’y a pas de terre cultivable. Tout le monde ne peut pas uniquement récolter des céréales, il faut continuer à produire du lait également. Les eurodéputés doivent opter pour un système de régulation qui tienne compte de la consommation réelle du lait ».

Des eurodéputés qui seront, lundi en début de soirée, directement interrogés par les agriculteurs lors d’un débat qui s’annonce animé. La majorité des agriculteurs étrangers passeront la nuit à Bruxelles avant de vivre une seconde journée de manifestation. « Un cortège de tracteurs est prévu mardi dans les rues de Bruxelles ainsi que des actions symboliques pour dénoncer les graves difficultés vécues par les fermiers », a annoncé Edwin Schöpges, organisateur de la manifestation.

Les actions se sont déroulées globalement dans le calme lundi. Quelques coups de matraques se sont néanmoins perdus lorsque des manifestants ont tenté de forcer le dispositif de sécurité mis en place par la police fédérale pour empêcher l’accès à l’esplanade située devant les institutions européennes.

Le Vif.be, avec Belga

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