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Procès Ronald Janssen : quatre semaines pour cerner un tueur en série

Le procès de Ronald Janssen, accusé de trois assassinats, s’est ouvert ce mardi devant la cour d’assises du Limbourg à Tongres. Cette première journée à duré deux heures et demi. Durant quatre semaines, cour et jurés s’attacheront à cerner ce professeur de 40 ans décrit par certains comme un nounours, mais qui sera également jugé, plus tard en correctionnelle, pour les vingt viols qu’il est soupçonné avoir commis.

La majeure partie de cette première audience a été consacrée à la constitution du jury, composé de sept hommes et cinq femmes.

Ronald Janssen, pâle et amaigri, était présent et il a tout de suite donné le ton en refusant d’être dessiné. Il l’a fait savoir via son avocat.

Ronald Janssen a également émis des remarques sur les GSM dans la salle. Un des jurés potentiels, dont le téléphone portable avait sonné, a été récusé. Selon l’avocat de l’accusé, Me Zvonimir Miskovic, il n’était pas garanti qu’aucune photo ne serait prise avec les GSM.

Ronald Janssen a semblé insouciant et a fixé tranquillement les trois juges et l’avocat général, Patrick Boyen. Après que le jury a été composé, le président de la cour d’assises Michel Jordens a expliqué le déroulement le procès aux douze jurés. Pendant ce temps, Ronald Janssen a remué la tête comme s’il avait la nuque raide.

L’accusé était flanqué, de chaque côté, de trois policiers en civil de l’unité spéciale d’intervention de la police fédérale. Il avait été amené à la cour d’assises dans des voitures sécurisées.

Le procès commencera véritablement vendredi, avec la lecture de l’acte d’accusation et l’interrogatoire de Ronald Janssen.

Les faits

Ronald Janssen a avoué avoir tué Kevin Paulus, 22 ans, et Shana Appeltans, 18 ans, qu’il a aussi tenté de violer, le 2 janvier 2010. Il a aussi reconnu l’enlèvement et le meurtre d’Annick Van Uytsel, 18 ans, en avril 2007.

Ses déclarations concernant une éventuelle quatrième victime, dont il aurait abandonné le corps à Bütgenbach dans les Cantons de l’Est, n’ont pas été étayées par des éléments concrets et l’accusé a bénéficié d’un non-lieu dans ce pan du dossier.

Après ses aveux, les policiers de tout le pays – voire ceux des Pays-Bas, car Ronald Janssen vivait non loin de la frontière – ont comparé leurs enquêtes pendantes aux éléments du dossier Janssen pour tenter d’élucider des meurtres vieux parfois de plusieurs années. En vain.

Ronald Janssen a-t-il fait d’autres victimes que celles pour lesquelles il comparaîtra les quatres prochaines semaines ? Rien ne permet de l’affirmer. Il est cependant également responsable d’une série de viols et tentatives de viols entre 2001 et 2010. Alors que jusqu’à présent on citait le chiffre de dix affaires, selon le quotidien Het Nieuwsblad les enquêteurs auraient en réalité relié une vingtaine de dossiers à Ronald Janssen.

Le procès sera présidé par Michel Jordens, déjà président du procès dit « de l’assassinat au parachute », assisté de Herlinde Wilmots et Niels Bollen. L’accusation sera soutenue par Patrick Boyen. Ronald Janssen est défendu par Me Zvonimir Miskovic, tandis que la « star des prétoires », Me Jef Vermassen, représentera les parents d’Annick Van Uytsel. Le verdict est attendu le 20 octobre et l’arrêt sur la peine le 21.

Le travail des journalistes très encadré

Le procès suscite un engouement médiatique tel que magistrats et barreau ont pris des mesures drastiques pour l’encadrer et permettre aux débats de se dérouler dans la sérénité. Mais l’association des journalistes grince des dents.

L’accès à la salle d’audience a été drastiquement limité « car le niveau de sécurité a été relevé ». Seules neuf places ont été réservées dans la salle même pour les journalistes, qui doivent avoir une accréditation spécifique – un badge rouge – pour pouvoir entrer dans la salle.

Or, 250 accréditations de médias ont été délivrées, principalement pour la presse belge, quelques médias français et néerlandais complétant le panel. Les nombreux journalistes qui ne peuvent pas entrer dans la salle d’audience pourront suivre le procès depuis une salle-relais, qui diffusera les débats en streaming.

Cette solution fait grincer des dents, du côté de l’association flamande des journalistes professionnels (VVJ). « Ce n’est évidemment pas la même chose. Une caméra ne voit pas tout ce qui se passe dans la salle d’audience », a regretté Pol Deltour, le secrétaire national de la VVJ.

Mais l’accès restreint à la salle d’audience n’est pas la seule pierre d’achoppement pour les journalistes. Ainsi, les avocats ont reçu pour consignes de ne pas parler en-dehors du prétoire sans l’autorisation du bâtonnier de Tongres. Motif : préserver l’égalité de moyens de défense des différentes parties au procès.

Ronald Janssen a également fait savoir qu’il ne souhaitait pas être pris en photo ou filmé. La prise d’images est en outre limitée à quelques moments en début d’audience. Il ne sera pas possible de filmer à l’intérieur du bâtiment, sauf aux endroits expressément prévus, ont prévenu les magistrats de Tongres.

Le Vif.be, avec Belga

Ronald Janssen un psychopathe ?

Lorsque Ronald Janssen avoue, le 7 janvier 2010, avoir tué sa jeune voisine Shana Appeltans (18 ans) et son petit ami Kevin Paulus (22 ans), la nouvelle fait l’effet d’une bombe auprès de ses proches et ses amis. L’enseignant semblait « bien sous tous rapports ».

Le 3 janvier 2010, Ronald Janssen se rend dans son café préféré, « De Reinvoart », pour fêter avec les autres habitués la nouvelle année qui commence. Il est détendu et souriant. Tellement, d’ailleurs, que les fêtards tombent des nues quand, quatre jours plus tard, il avoue avoir exécuté par balles Kevin et Shana, qu’il a également tenté de violer, quelques heures à peine avant d’aller faire la fête.

A l’école Sint-Martinus de Herk-la-Ville, où Ronald Janssen enseigne le dessin technique, c’est également le choc quand le parquet informe la direction qu’un de leur professeur a été placé sous mandat d’arrêt pour assassinats. Il n’avait rien laissé paraître d’anormal en arrivant pour donner cours le lundi matin.

Rien n’avait éveillé les soupçons au sein de sa famille non plus. Il était un père attentionné et affectueux pour ses deux filles. Sa compagne, dont il venait de se séparer quand il a enlevé et tué Annick Van Uytsel en 2007, n’a d’abord pas cru ce dont on accusait son ex-compagnon, malgré la plainte pour violences qu’elle avait déposée avant de la retirer.

La femme du voisinage avec qui il avait noué une discrète relation depuis quatre ans confiait encore en début d’année 2011 qu’elle avait du mal à croire aux faits reprochés à Ronald Janssen.

L’homme était encore connu comme bricoleur et voisin agréable. A peine lui connaissait-on un sommeil difficile et l’étrange manie de rôder en rue quand le repos le fuyait.

Cette apparente normalité, très éloignée des crimes commis, est un des traits caractéristiques de la psychopathie. Le psychopathe est capable de commettre un crime puis de rentrer chez lui embrasser ses enfants, sans ressentir de culpabilité pour ses actes ou d’empathie pour sa victime. Il discerne le bien du mal et sait donc que ses actes sont répréhensibles. Le psychopathe est souvent intelligent et manipule son entourage et ses victimes.

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