Sarah Van Liefferinge

Pourquoi le revenu de base est l’avenir

Sarah Van Liefferinge Parti Pirate

« Le revenu de base est-il une idée utopique ? Oui, évidemment, tout comme l’instauration de la journée de travail de huit heures, l’abolition de l’esclavage et du travail des enfants l’ont été un jour. On sortait les mêmes objections : ‘C’est impayable ! Notre économie va s’effondrer !’ N’aurait-on pas commis un péché mortel en laissant primer les dogmes économiques sur les droits de l’homme fondamentaux ? » se demande Sarah Van Liefferinge du Parti Pirate.

Suite à la globalisation, la numérisation et l’automatisation, le monde change de plus en plus vite. On voit augmenter l’inégalité, la polarisation et la radicalisation. Si nous nous accrochons aux institutions, idées et habitudes anciennes, elles se heurteront inévitablement aux nouvelles possibilités que nous offre la révolution numérique.

Le revenu de base n’est pas un remède miracle. Mais bien développé, le concept (1200 à 1500 euros Belgique) offre une série de réponses aux défis auxquels nous sommes confrontés.

Une alternative à l’échec du marché de l’emploi

Le revenu de base offre une alternative à l’échec du marché de l’emploi et à la hausse du chômage. Aussi faut-il dissocier un emploi payé, au droit à un revenu et à une vie décente. On peut profiter du fait que les robots et la technologie reprennent nos emplois. On peut mieux diviser le travail disponible et instaurer des semaines de travail plus courtes. On peut prendre le temps de faire du bénévolat, de l’entreprenariat, de soigner les enfants et les personnes âgées, de suivre des formations et de s’épanouir, ou simplement de se poser et de réfléchir.

Le burnout et la dépression

Les expériences réalisées avec le revenu de base démontrent que la sécurité de revenu fait baisser le nombre de troubles psychiques et d’accidents physiques. Mais l’inégalité continue à se creuser et la société actuelle gémit sous le nombre croissant de dépressions de burnout et d’autres maladies « de prospérité ». Notre système est intenable.

Principes tracassiers

En outre, notre État-providence est basé sur les principes tracassiers de contrôle, de sanction et d’activation. Si la sécurité sociale a prouvé son utilité, elle n’est plus de notre époque. En revanche, le revenu de base est basé sur les principes d’équivalence et de responsabilisation. Tout citoyen percevra la même somme, indépendamment de son état civil, son niveau de vie ou sa position sur le marché de l’emploi. Ainsi, le revenu de base sape la polarisation actuelle entre ceux qui travaillent et ceux qui perçoivent une allocation, entre les différentes générations, et entre les fonctionnaires et les indépendants.

« Mais comment financer?! »

Pour financer le revenu de base, il faut instaurer un tax shift des charges sur le travail vers la consommation (de luxe), la pollution, l’utilisation de matières premières, la robotisation, le capital et les transactions financières. Il est grand de temps de porter en compte les coûts réels de notre culture de production de masse, de consommation et du jetable et de passer à une économie durable et juste. De plus, la réduction de la bureaucratie offre une source de revenus et un shift de dépenses.

Est-il logique que les gens qui font un travail qui n’offre aucune plus-value à la société gagnent mieux leur vie que ceux qui soignent les enfants et les malades ?

« Mais qui voudra encore faire les jobs de merde ?! »

Il faudra mieux payer les gens qui se chargent de ces emplois. Est-il logique que les gens qui font un travail qui n’offre aucune plus-value à l’homme et à la société gagnent souvent beaucoup mieux leur vie que ceux qui entretiennent nos rues et nos bâtiments ou ceux qui soignent les enfants et les malades ? N’est-il pas grand temps de mettre fin à cette perversité ?

« Mais que faire des migrants qui viendront en masse en Belgique?! »

Pour éviter une affluence énorme, il faudra d’abord associer la perception du revenu de base à la citoyenneté même si personne ne quitte sa région natale sans raison. Tant que nous continuerons à baser notre prospérité occidentale sur le travail et les matières premières bon marché, sur l’exploitation et le contournement de mesures écologiques et d’obligations fiscales, nous contribuerons à maintenir le problème. Il faudra apprendre à consommer des produits locaux de qualité au lieu de recourir à une masse d’objets bon marché. Ici aussi, la transition vers une économie juste et durable ainsi que l’instauration d’un revenu de base (mondial) offrent des solutions à long terme.

« Mais on ne peut tout de même pas abolir notre sécurité sociale?

L’instauration du revenu de base devra se faire progressivement, par le biais d’expériences locales et à petite échelle. Le montant devra également augmenter par étapes, tout comme la confiance dans le concept. On ne peut se contenter d’un revenu de base de 700 euros, car tant qu’il faudra des allocations supplémentaires, des contrôles et des tracasseries administratives, on ne peut parler d’un revenu de base à part entière.

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