Paul Magnette © BELGA

Pourquoi beaucoup de politiques francophones refusent-ils d’aller à la VRT (et inversement) ?

Celine Bouckaert
Celine Bouckaert Journaliste au Vif

Ce jeudi, Pieterjan De Smedt, reporter pour l’émission politique de la VRT Terzake a poussé un coup de gueule contre le ministre-président de la Région wallonne Paul Magnette (PS). Depuis cinq ans, ce dernier refuse, en effet, de se rendre au studio de la VRT.

Dans une lettre ouverte intitulée « Monsieur Magnette, nous ne comprenons pas », le reporter explique qu’il a été obligé d’interviewer Magnette dans le couloir pendant qu’il se rendait au studio de la RTBF alors que le studio de Terzake se trouve à une minute à pied.

« Nous avons appelé votre porte-parole à d’innombrables reprises. Dans le meilleur des cas, on nous répondait ‘désolé’, mais souvent il n’y avait même pas de réponse. Nous comprenons que les politiques soient très occupés, mais sur toutes ces années, vous auriez pu venir dans notre studio », écrit Pieterjan Desmedt qui s’étonne que le PS plaide en faveur du maintien de la Belgique, mais fournit très peu d’efforts à l’égard des néerlandophones.

Il souligne que Paul Magnette n’est pas le seul à refuser les invitations de l’émission : Laurette Onkelinx, Rudi Vervoort, Céline Fremault, et même Yvan Mayeur et Philippe Close, pourtant ancien et actuel bourgmestres d’une capitale bilingue, refusent de se rendre au studio de Terzake. Seul l’ancien Premier ministre Elio Di Rupo accepte de temps en temps d’accorder une interview en direct.

Pourquoi se taire ?

« Peut-être en avez-vous assez de réagir à la perception négative qui règne autour du PS? Mais à quoi sert-il de se taire ? Peut-être que vous estimez que votre néerlandais n’est pas assez bon ? Nous en doutons, mais vous savez qu’à la rigueur vous pouvez vous exprimer en français et qu’on mettra des sous-titres », écrit le reporter à Paul Magnette.

Son injonction n’est pas tombée dans l’oreille d’un sourd puisque Magnette a répondu, non sans humour il est vrai, sur Twitter. « Un grand merci pour votre invitation Pieterjan De Smedt, bientôt j’aurai sûrement beaucoup de temps pour passer 😉 ».

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Si beaucoup de politiques francophones refusent de venir parler à la VRT, il en va de même pour les politiques néerlandophones qui ne sont guère enclins à se rendre au studio de la RTBF. Interrogée par la VRT, la responsable de la rédaction politique de la RTBF, Johanne Montay, explique ainsi que le président de la N-VA Bart De Wever et le ministre-président flamand Geert Bourgeois ne sont jamais venus sur le plateau de son émission Jeudi en prime. Elle ajoute toutefois que le ministre de l’Intérieur Jan Jambon, soucieux d’améliorer son image en Wallonie, accepte les interviews sur les ondes de la RTBF.

Pas d’intérêt

Pourquoi tous ces politiques refusent-ils aussi obstinément de traverser la fameuse « frontière linguistique » qui traverse le bâtiment de la VRT-RTBF ? Pour Desmedt, la raison est toute simple, même si elle n’est guère bénéfique pour le débat démocratique: « On le dit en off même si on ne va jamais l’admettre en public, ils n’ont rien à y gagner. Un politique francophone qui vient chez Terzake ne va pas remporter de voix parmi ses spectateurs ».

Montay avance que les politiques craignent peut-être d’être traités en ennemis par l’autre communauté et que la question linguistique joue souvent un rôle aussi. Elle cite l’exemple de Kris Peeters, pourtant ministre fédéral, qui craindrait de parler français en direct pendant un quart d’heure.

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