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Pédophilie: quand les femmes sont aux premières loges du crime

Le Vif

Procès Dutroux ou d’Outreau, affaires Fourniret ou Sainte-Ode… Dans ces faits divers sordides, les femmes étaient aux premières loges du crime, accusées d’attouchements ou de viols sur des enfants – parfois les leurs – ou de complicité de pédophilie.

De terribles exceptions ? S’il n’existe pas de chiffres précis pour évaluer le phénomène, Jean-Raphaël Bourge, chercheur français et auteur du mémoire La Violence pédophile au féminin, estime lui que les femmes représenteraient entre 2 et 10 % des pédophiles. L’association anglaise ChildLine, qui a mis en place une ligne d’écoute pour les enfants victimes de violences, estime même à 15 % les appels pour abus sexuels les mettant directement en cause.

Femmes « agresseuses » : le terme n’existe pas dans la langue française et il a bien du mal à faire son chemin dans les esprits. Le « sexe faible », dépourvu de phallus, a-t-il vraiment la capacité physique d’agresser sexuellement ? Oui. Le viol tel que le définit le droit (« tout acte de pénétration sexuelle de quelque nature qu’il soit et par quelque moyen que ce soit, commis sur une personne qui n’y consent pas, par violence, contrainte, ruse ») n’est certes pas la forme de violence la plus répandue chez les femmes, même si elle existe (pénétration digitale, introduction d’objet). Mais il n’en va pas de même pour les attouchements, qui constituent le gros des agressions féminines et n’en sont pas moins destructeurs. « Elisabeth Badinter [ NDLR : philosophe, proche des cercles féministes] aurait donc raison : l’abus de pouvoir et la violence sadique ne sont pas des prérogatives masculines », souligne le Pr Armand Lequeux, sexologue aux cliniques universitaires Saint-Luc.

L’atteinte à la « nature féminine » heurte la société, qui ne conçoit pas les femmes autrement que douces, bonnes, aimantes. A tel point que ces abus sont, parfois, purement et simplement niés, en particulier lorsque la victime est un adolescent ou un pré-adolescent. Ainsi, en 2007, au Canada, une professeure de 31 ans a été condamnée pour avoir abusé d’un garçon de 12 ans. Ce qui n’a pas empêché un journaliste de Montréal d’ironiser, estimant que « tous les garçons rêvent d’être initiés par une femme d’expérience. […] Une femme qui sort avec un ado, ce n’est pas comme un homme [dans la même situation] ». Un discours qui ferait scandale si l’accusé était du genre masculin… « La société a du mal à considérer les hommes comme victimes. Cela va contre l’idée de virilité, surtout si l’agresseur est une femme », déplore Jean-Raphaël Bourge. Les garçons abusés se confient d’ailleurs moins que les filles et feraient huit fois plus de tentatives de suicides qu’elles, selon une étude canadienne.

8 % des incestes seraient commis par des femmes

Le tabou est encore plus grand pour l’inceste féminin. Qui oserait douter du bien-fondé des câlins maternels ? Pourtant, on estime que 8 % des incestes seraient commis par des femmes. Les victimes sont le plus souvent leurs propres enfants ou des jeunes sur qui elles ont de l’ascendant (petits-enfants, neveux, cousins). « Les femmes prennent souvent l’excuse des soins pour agir, explique Isabelle Aubry, de l’Association internationale des victimes de l’inceste (Aivi). C’est ce que l’on appelle le « nursing pathologique ». Des gestes a priori normaux, qui expliquent que les victimes mettent parfois des années à réaliser qu’elles ont été abusées.

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