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Pacte d’Excellence scolaire : « il est hors de question que les enseignants commencent plus tôt et finissent leur journée plus tard »

Stagiaire Le Vif

Initié par la majorité PS-CDH, le Pacte d’Excellence a pour but de relancer l’enseignement où trop souvent se mêlent échecs scolaires, ennuis et fonctionnements inégalitaires. Les acteurs du monde scolaire se  » mettent au vert  » pour discuter de plusieurs idées de réformes. On sait que l’horaire de la journée scolaire sera discuté. Les grandes vacances, elles, ne seront pas touchées.

C’est en janvier 2015 que la ministre de l’Education de la Fédération Wallonie-Bruxelles, Joëlle Milquet, décide de constituer douze groupes de travail composés des principaux acteurs du système scolaire (syndicats, pouvoirs organisateurs et associations de parents), auxquels s’ajoutent experts et pédagogues. Les débats de ces trois jours se centrent autour de différents thèmes sur lesquels les groupes vont plancher comme : adapter les savoirs aux besoins de l’école du 21e siècle, l’échec scolaire, l’orientation des élèves ou encore la formation de l’enseignant.

A terme, c’est plus d’une centaine de propositions qui ressortent d’un an de travail. La majorité de celles-ci sont encore inconnues, même si certaines avaient été évoquées, comme le rythme scolaire notamment.

Il a d’ores et déjà été annoncé qu’aucune décision ne serait prise. Il s’agira plutôt ici pour les groupes de mettre sur la table le compte-rendu de leurs propositions. Le but de cette « mise au vert » est principalement de dialoguer, de débattre, d’échanger et de s’entendre sur les propositions, ou de les rejeter. Le rapport final aboutira sur la table du gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles, qui devra prendre ses premières mesures au mois d’avril. Si certaines de celles-ci pourraient être mises en pratique assez rapidement, d’autres nécessiteraient plus de temps, comme la modification des structures scolaires.

Allongement de la journée scolaire ?

Rien n’est encore décidé, mais quelques pistes se dégagent tout de même, notamment sur la question des rythmes scolaires. Le Pacte d’Excellence voudrait repenser la journée de l’école en l’ouvrant plus tôt et en la fermant plus tard. Le but est d’éviter que les élèves n’emmènent leur travail à domicile, pour ne pas pénaliser les élèves qui ne peuvent pas se faire aider par leurs parents. Il serait question d’allonger la journée jusqu’à 17h. Une proposition voudrait également allonger le temps de pause à midi, propice aux activités sportives et culturelles.

Joëlle Lacroix, Secrétaire générale de La Fédération des Associations de Parents de l’Enseignement Officiel (FAPEO) voit cet allongement d’un bon oeil : « Nous sommes favorables au prolongement de la journée en primaire parce que quand la classe finit entre 14h45 et 15h30, les parents ne sont pas présents pour reprendre leur enfant. Si ce temps supplémentaire à l’école permet au cours de la journée d’internaliser la question des devoirs quotidiens, nous sommes pour. Avoir du temps à l’école pour faire ses devoirs sous une guidance pédagogique – et ce ne doit pas être un professeur – c’est un plus pour les enfants qui n’ont pas ce soutien-là à la maison, que ce soit parce que les parents ne parlent pas le français, parce qu’ils n’ont pas les compétences ou parce qu’ils rentrent trop tard ».

Joëlle Lacroix souhaite aussi une réforme pour l’enseignement secondaire : « Ouvrir les écoles secondaires plus tard, ça permettrait aux élèves de faire leurs travaux scolaires sur place, gratuitement, avec un professionnel, ou travailler en groupe, dans un environnement pédagogique propice ». L’association est aussi en faveur de l’instauration d’un « tronc commun » jusqu’à 16 ans.

Les syndicats circonspects

Même si la journée est allongée, les professeurs n’auraient pas à assumer une charge de travail supplémentaire. En effet, les heures supplémentaires seraient prestées par des personnes extra-scolaires, comme dans le cas d’études dirigées par exemple.

Mais de leur côté, les syndicats, interpellés par les interrogations des enseignants, se montrent plutôt inquiets : « Nous ne voulons pas d’un Pacte qui menacerait l’emploi, le statut ou les conditions de travail de l’enseignant. Le métier est déjà bien assez difficile et particulièrement exigeant. Ils ne peuvent pas en faire davantage », déclare Eugène Ernst, secrétaire général de la CSC-Enseignement.

Une autre idée serait de fixer l’horaire de l’enseignant à 38h/semaine, qui comprendrait le temps « devant les élèves », mais aussi les corrections et les préparations. Après ces heures, l’enseignant serait libéré. L’évocation de cette idée a été très mal reçue par les syndicats : « Aujourd’hui, un enseignant preste bien plus que 38h par semaine. Comptons entre 40 et 45 heures par semaine, car il travaille le weekend et pendant les vacances, durant lesquels s’effectuent corrections et préparations de leçons. Sans oublier les concertations avec les collègues et les rencontres avec les parents », ajoute Eugène Ernst.

« Soyons clairs, il est hors de question pour nous que les enseignants commencent plus tôt et finissent leur journée plus tard. Nous ne voulons pas la multiplication d’horaires flexibles ou coupés. Si c’est pour faire venir les enseignants un peu le matin et un peu le soir, pendant que sur le temps de midi d’autres personnes s’en occupent, ce serait inacceptable pour nous. Si maintenant d’autres acteurs viennent à la fin de la journée scolaire pour assurer des activités sportives ou culturelles (ce qui ne couperait pas la journée du professeur, ndlr), cela poserait évidemment beaucoup moins de difficulté ».

Maxime Defays.

Source : Le Soir

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