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Olivier Maingain, le trublion

Laurence Van Ruymbeke
Laurence Van Ruymbeke Journaliste au Vif

Electron libre, jusqu’au-boutiste, cassant, le président du FDF, en poste depuis 18 ans, énerve beaucoup de monde. Mais ses analyses font mouche et il pèse à Bruxelles. Portrait d’un homme poil-à-gratter, qui carbure aux éclairs au chocolat.

Très joli, ce polo Lacoste jaune inauguré sur un plateau de télévision. Dommage que l’on voie à ce point les plis du vêtement, tout juste sorti de son emballage. Le président s’y était pris un peu tard pour trouver une tenue plus décontractée que son costume noir à lignes sombres…

Olivier Maingain, le président du FDF, n’a guère le temps de faire les boutiques. Et de son image, il s’en moque. Ce qui lui importe, ce sont les idées. « Si on lui donnait à choisir entre une carrière et ses convictions, il opterait pour les secondes », affirme Michel Vlies, bâtonnier de l’Ordre français des avocats du barreau de Bruxelles et ami d’Olivier Maingain depuis l’école secondaire. Assuré de ne jamais monter dans un gouvernement fédéral – les Flamands n’en voudraient pas – il joue l’insupportable caillou dans la chaussure des politiques. Ou l’insupportable tout court, ce qui est plus simple depuis les bancs de l’opposition. Taxé de radical, de jusqu’au-boutiste, il passe aux yeux de certains pour ingérable. Quand on le lui dit, il cesse un instant de faire valser ses lunettes entre ses doigts – la seule danse qu’il maîtrise. « J’ai appris à être détaché de tout ça. »

Olivier Maingain possède deux faces, et si peu connaissent le côté pile. « Il n’est pas du tout le même en privé et en public », assure Didier Gosuin, le bourgmestre FDF d’Auderghem. En confiance, il est chaleureux, sensible, attentif. Or ce que l’on voit d’abord chez le maïeur de Woluwe-Saint-Lambert, c’est cette sage raie sur le côté, son éducation exemplaire, cet air réservé sous son sourire poli. « Pour Olivier, il faut un décodeur. Sinon, on ne comprend rien », confirme Joëlle Maison, vice-présidente du FDF pour Bruxelles. Il parle comme un livre. Comment en serait-il autrement, lui qui s’en alimente, bien davantage que de légumes, ces ineptes objets de la création auxquels il ne touche pas ? « Dans le milieu politique, dès qu’on aligne une phrase avec une subordonnée, on commet une atteinte à la communication », ironise ce natif du signe du Lion.

Il est vrai qu’à la fin des congrès, il ne s’attarde pas pour boire des bières avec ses ouailles. Du coup, on le qualifie de pédant. « Il est pourtant très gentil. Et, en outre, fort amusant en dehors de la politique », assure Antoinette Spaak, ancienne présidente du FDF. En dehors. Car en politique, le président du FDF ne passe pas pour un grand comique. Cette forte personnalité, portée par 63 000 voix de préférence aux élections de 2010, est une pointure. Qui énerve ou qui plait. Mais dont la brillante intelligence et les compétences juridiques et institutionnelles sont reconnues jusque dans les rangs de ses ennemis. Sa formation au collège bruxellois Saint-Michel, puis ses études de droit à l’ULB l’ont façonné. Bétonné. « Les Jésuites nous ont appris à ne jamais avoir tort, c’est-à-dire à trouver toujours le dernier argument », raconte-t-il. Qui dirait le contraire ?

Par Laurence van Ruymbeke

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