Gérald Papy

Obama-Romney : du fric et du show

Gérald Papy Rédacteur en chef adjoint

Lors du dernier débat de la campagne présidentielle consacré à la politique extérieure, Barack Obama a provoqué le buzz en affirmant sans rire que les Etats-Unis disposaient aujourd’hui « de moins de chevaux et de baïonnettes », ridiculisant ainsi Mitt Romney qui voyait dans la réduction des bâtiments de la marine une illustration du déclin de l’Amérique sur la scène internationale.

« Nous possédons des choses appelées porte-avions sur lesquels des appareils atterrissent », a ironisé le président sortant, histoire de signifier que son adversaire n’avait tout simplement pas l’envergure d’un commandant en chef des armées en mesure de réussir la traque et la « neutralisation » d’un Oussama ben Laden. Cette anecdote rappelle combien une campagne présidentielle américaine est surtout affaire de slogans, de dollars. En un mot, de spectacle. Il aura été davantage question dans cette bataille pour la Maison-Blanche de récoltes de fonds, de publicités dénigrantes et d’aisance devant les caméras que de grandes orientations politiques. Du fric et du show…

Cette superficialité a encore été illustrée par la volte-face idéologique du candidat Mitt Romney, ultralibéral dans les primaires républicaines pour flatter son électorat conservateur et centriste lors de la première joute télévisée sur la politique intérieure pour grappiller des voix dans le camp démocrate. Le Mitt Romney président sera-t-il celui qui traite d’assistés les 47 % d’électeurs tentés de reconduire Obama ou celui qui dément vouloir promulguer des allégements d’impôts pour les plus riches ? Cette ambiguïté n’a pas empêché le prétendant républicain d’endosser au fil de la campagne le costume de présidentiable et de rivaliser aujourd’hui avec son rival dans les sondages. Ce dont se félicitent déjà ses supporters arguant que, pour un président candidat à sa réélection et bénéficiant des attributs du pouvoir, Barack Obama est sacrément en difficulté. Or, pour les plus fervents défenseurs de celui-ci, arriver à dix jours de l’élection en aussi bonne position en dépit d’un environnement économique défavorable depuis l’entame de son mandat relève déjà de l’exploit. Barack Obama a beau vanter sa réforme du système de santé ou ses premières mesures pour réguler les marchés financiers et masquer ses échecs de politique internationale, c’est sur son bilan économique qu’il sera jugé.

L’avenir dira si un chômage contenu et une reprise timide du marché immobilier lui serviront d’ultime planche de salut. Ou si, à défaut de soulever des espoirs démesurés comme Barack Obama il y a quatre ans, Mitt Romney n’est pas en définitive le capitaine d’entreprise pragmatique à laquelle l’Amérique aspire en temps de crise. Mais entre Romney le gaffeur en rémission et Obama l’amateur de sieste sur les plateaux de télévision, les Etats-Unis auront donné de leur démocratie une image assez décevante.

GÉRALD PAPY

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