Carte blanche

Musulmans, nous condamnons. Musulmans, nous proposons des solutions

Depuis mardi, la presse mondiale en parlent. De toutes parts, nous entendons parler des terroristes, de la revendication de Daech, des antécédents judiciaires des protagonistes. Les victimes, quant à elles, n’ont pour l’heure ni de nom ni de prénom, la police scientifique étant encore en plein travaux d’identification.

On entend également parler d’islam, de califat, etc. Nous appartenons à la communauté musulmane ahmadiyya. Cette dernière est dirigée par un Calife, le cinquième pour être plus précis. Mais ce califat a toujours appelé à la paix et a marqué ses profondes condoléances pour les victimes des attentats de Bruxelles et a assuré les victimes que ses prières sont avec elles. Que penser face à tout cela ? Que dire, que faut-il analyser ?

Des individus se réclamant d’une religion ont décidé de terroriser une population entière en instaurant un climat de méfiance au sein de la société civile. Plusieurs individus, en ce moment même, en Europe et ailleurs, sont en train de se radicaliser, pensant qu’il s’agit de la meilleure manière de répondre à un Occident oppresseur dans le cadre de sa politique internationale.

En réalité, au lendemain de ces attentats, il convient davantage de s’efforcer de comprendre la problématique terroriste sur deux niveaux : un niveau interne et un niveau externe. Sur la perspective interne, il va de soi que c’est l’incompréhension qui domine. On ne voit que Daech sur tous les écrans de télévision depuis des années et on souhaite sortir de ce cercle vicieux. Car effectivement, la communauté musulmane ahmadiyya prend des initiatives tous les jours, sous l’autorité d’un Calife.

Ces initiatives visent à faire répandre l’amour en Belgique qui sera toujours plus fort que la haine. Elle brandit depuis des années son slogan « Amour pour tous et haine pour personne ». Elle souhaite continuer à porter ce message dans tous les pays de l’Europe, touchés, ou non, par une attaque terroriste. Cette communauté fondée en 1889 par Ahmad de Qadian, en Inde, ne connaît pas un seul cas de jeune radicalisé. Elle favorise l’accompagnement, l’ouverture sociale, l’altruisme, l’entraide comme valeurs clefs du bon comportement islamique et comme valeurs universelles protégées par le Prophète de l’islam.

Une des solutions en matière interne pourrait être de favoriser les mouvements religieux pacifiques afin qu’ils aient également une place dans les médias. Ces mouvements devront démontrer par leurs excellences et par leurs pratiques que seul l’appel à la paix et à la concorde entre les nations est une valeur viable dans le monde d’aujourd’hui. Ces mouvements devront montrer que l’amour de sa patrie, de sa population, de sa culture et sa dynamique est une valeur essentielle et stimulante pour sa jeunesse.

D’un point de vue externe, il va de soi que la solution à tout ce qui traverse aujourd’hui le continent européen est une politique internationale plus juste, plus équitable et qui favorise l’émancipation des différents pays du monde arabe de manière complète et indépendante. Les vieilles démocraties devront comprendre qu’imposer une vision particulière dans un pays revient à porter atteinte au principe de non-ingérence, pourtant fondateur du droit international public.

Ankara, Bamako, Paris, Ouagadougou, Tunis et désormais Bruxelles : il faut que cette barbarie cesse. Montrons que nous souhaitons désormais changer notre position internationale. Que la réponse de notre continent européen passe par la reconnaissance des libertés et non pas par des mesures arbitraires.

Asif ARIF, Avocat au Barreau de Paris, Auteur, Enseignant en Libertés Publiques, Directeur aux Affaires Publiques de l’Association musulmane ahmadiyya de France.

Idrees AHMAD, Président de l’Association musulmane ahmadiyya de Belgique.

Asad MAJEEB, Imam de l’Association musulmane ahmadiyya de Belgique.

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