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Mons 2015, jackpot ou fiasco ?

Thierry Denoël
Thierry Denoël Journaliste au Vif

C’est sûr et certain, les Montois feront la fête dans une ville en chantier, dans six mois. Il en faudra des paillettes et des flonflons pour sauver la face aux yeux de l’Europe et masquer l’ardoise aux yeux des habitants.

Encore six bons mois et les quarante-neuf cloches du beffroi de Mons sonneront l’an 2015. Cette année devrait être exceptionnelle pour la cité boraine. Le signe et le signal d’un renouveau, de la page qu’on tourne sur l’image de friche industrielle et de région la plus pauvre de Wallonie. Mons, capitale européenne de la culture, aura l’opportunité de briller aux yeux du monde entier. 2015 sera une année charnière, une chance à ne pas manquer. L’histoire ressert rarement les bons plats. Mais Mons sera-t-elle au rendez-vous, prête à accueillir les milliers, les centaines de milliers de touristes qu’elle attirera par son aura européenne ? C’est maintenant que cela se joue. Or on sait déjà aujourd’hui que la plupart des grands chantiers architecturaux ne seront pas achevés cette année. Le retard le plus spectaculaire est celui de la gare Calatrava qui a déjà fait couler beaucoup d’encre.

La SNCB et la Ville ont prétendu, jusqu’à la limite du crédible, que l’oeuvre de l’architecte espagnol serait prête pour 2015, avant de se résoudre à reconnaître que les travaux s’éterniseront jusqu’en 2017, voire 2018. L’année prochaine, les visiteurs de tous les pays débarqueront dans une gare sans visage, au milieu des grues et des bétonnières. Quant aux autres projets architecturaux phares, aucun – sauf le centre de Congrès, dessiné par l’architecte Daniel Libeskind – ne sera terminé avant 2015. Ni le beffroi, ni le musée du Doudou, ni le musée d’histoire militaire, ni les minières de Spiennes, pour ne prendre que les plus importants. Actuellement, l’échéance fixée la Ville pour tous ces chantiers est avril-mai de l’an prochain. Les raisons ? Des problèmes de terrain « imprévus », des marchés accordés très tard, des bagarres entre soumissionnaires, etc.

« La Ville réécrit l’histoire… »

Pour sauver la face, le concept de « Mons en chantier » est désormais bien mis en avant par la Ville et la Fondation Mons 2015, histoire de montrer que la cité est en pleine mutation. Même l’échevin MR des Finances temporise : « Ces projets, financés par l’Union européenne ou par la Région wallonne, sont indépendants de la politique générale de capitale européenne culturelle, explique Georges-Louis Bouchez. Bien sûr, pour obtenir ces subsides, on a joué la carte Mons 2015. Mais les deux choses sont distinctes. » Tout comme pour la gare. Mons 2015, ville internationale pendant un an, a néanmoins été un argument-clé pour obtenir les financements… « On tente désormais de réécrire l’histoire, réagit Manu Disabato, administrateur à la Fondation Mons 2015 et député wallon Ecolo. Au départ, l’objectif de la Ville était bien entendu de tout terminer avant 2015. Elle a clairement échoué. »

Egalement préoccupant : les budgets explosent partout. Excepté – encore une fois – le centre de Congrès, tous les projets dépassent l’enveloppe prévue, comme nous l’a confirmé l’échevin Bouchez. Or on sait qu’au point de vue budgétaire, Mons est prise à la gorge, avec des dépenses qui explosent et des recettes qui stagnent. Le budget 2014 a pu être annoncé à l’équilibre grâce à une nouvelle ponction dans les réserves financières de la Ville. Et 2015 ne s’annonce pas rose, ne fût-ce qu’au niveau du CPAS qui, selon l’ONEm, accueillerait au moins 1 000 exclus du chômage supplémentaires cette année-là.

Dans Le Vif/L’Express de cette semaine, le dossier. Avec :

les recrues pour doper l’équipe de la Fondation la gare Calatrava : enquête ? les projets qui coincent

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