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Mobilité : « se rendre au travail à vélo, c’est le nouveau luxe »

Le Vif

La fermeture du tunnel Stéphanie le prouve encore : la voiture n’est plus le moyen de transport le plus rapide et certainement pas le plus pratique à Bruxelles.

« Ma voiture, ma liberté » : ce n’est plus le cas aujourd’hui. Rouler en voiture en ville est devenu synonyme d’embouteillages et de stress pour trouver une place de stationnement. « Rouler en voiture a perdu de son aura », confirme Jeroen Smeesters, président de la Federdrive, la fédération des auto-écoles et centres de formation agréés.

« Sur le plan de l’image, la voiture est devenue la nouvelle cigarette. En Belgique, on a délaissé pendant trop longtemps la question de la mobilité. Nous n’avons fait aucun progrès et tout le monde en a marre. En ville particulièrement, la voiture n’est plus la manière la plus efficace ni la plus agréable de se déplacer. On constate par exemple que les jeunes ne sont plus tellement pressés de passer leur permis à leurs 18 ans. Durant leurs études et souvent aussi durant la période qui suit, ils habitent en ville et ils n’ont pas besoin d’une voiture, elle devient plus une charge qu’autre chose. »

Les jeunes veulent se faciliter la vie au maximum et avoir leur propre voiture ne répond plus à leurs besoins. La voiture n’est plus non plus un marqueur social. Une charge plus qu’un plaisir, pas assez fonctionnelle. Cela ne signifie pas que les voitures sont appelées à disparaître dans notre futur urbain, mais bien qu’elles seront en partie remplacées. Par les transports en commun, les voitures partagées, le covoiturage, les vélos, les vélos partagés, des alternatives qui deviennent sans cesse plus accessibles et plus faciles à utiliser.

PRIORITÉ AUX CYCLISTES ?

Faire du vélo à Bruxelles, n’est-ce pas dangereux ? L’infrastructure de la capitale est-elle adaptée aux deux-roues ? Roel De Cleen, porte-parole de Fietsersbond : « Faire du vélo en ville n’est certainement pas plus dangereux que sur une route secondaire en périphérie. Les voitures roulent plus lentement, il y a moins de camions, le risque d’un accident mortel ou grave est moindre. Cela ne signifie pas pour autant que faire du vélo en ville soit sans écueils. Les autorités ont encore du pain sur la planche pour adapter l’infrastructure cyclable. L’aménagement de zones à circulation restreinte ou de couloirs sans voitures est vraiment nécessaire. Sans parler du problème des voitures qui se garent sur les pistes cyclables. Si l’on parvenait à contenir le trafic routier aux grands axes de circulation où il a sa place, faire du vélo en ville deviendrait beaucoup moins compliqué. Donner de l’espace aux voitures, oui, mais il faut le faire de manière intelligente. L’essentiel des problèmes se situe sur un autre plan : il y a beaucoup trop de vols de vélos, par exemple.

La pratique du vélo à Bruxelles est en hausse. Entre 2000 et 2015, l’usage du vélo à Bruxelles est passé de 1 à 5 %. Un chiffre qui devrait, selon le plan bruxellois Iris 2, grimper à 20 % d’ici 2020, bien que le chiffre de 10 % me semble un pronostic plus réaliste vu l’avancée actuelle.

Se rendre au travail à vélo, c’est le nouveau luxe. Dans le quartier européen, on voit de plus en plus de cadres hautement qualifiés et bien rémunérés opter pour le vélo. Le signal véhiculé est positif : le vélo a été promu sur le plan social. Se déplacer à vélo en ville devient donc de plus en plus aisé mais le grand défi à venir est d’ouvrir la ville aux cyclistes venant de la périphérie. C’est encore un point faible aujourd’hui. Il est indispensable et urgent de développer des pistes cyclables rapides ou mieux même, de véritables autoroutes pour vélos, qui relient la périphérie au coeur de la ville. Il y a un nombre incroyable de parkings en ville, souterrains ou non, qui occupent une grande partie de l’espace public. Si l’on décourage le parking en centre-ville tout en augmentant les places de stationnement en périphérie et que l’on combine cela avec les vélos partagés, se déplacer à vélo dans la ville deviendra beaucoup plus naturel, tout comme c’était le cas de 1900 à 1950, avant que la voiture n’envahisse tout l’espace. »

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