Michel Maus © BELGA

Michel Maus: « les gens ordinaires sont des lapins enfermés dans la cage du fisc »

Pour le professeur en droit fiscal, Michel Maus, il est clair que si on laisse le tax shift aux politiques, il n’aura pas lieu. « Il faudrait qu’une commission d’experts prépare le tax shift en silence » estime-t-il.

« J’aime quand les politiques expliquent que se sont les épaules les plus larges qui portent les charges les plus lourdes, soupire Michel Maus. Mais c’est inexact, c’est une histoire totalement hypocrite. Il y a beaucoup trop de régimes de faveur et d’échappatoires pour les multinationales et les personnes très fortunées. Les gens ordinaires, qui tirent leur revenu de leur travail, portent les charges les plus lourdes : ce sont les lapins enfermés dans la cage du fisc ».

Aussi Maus plaide-t-il pour un tax shift en profondeur. « Prenons exemple sur les Pays-Bas » dit-il. « Là, ils ont réussi à mener à bien un tax shift. En silence, sans déclarations intempestives de la part des politiques. Cette réforme a été préparée par une commission académique, ce que nous ferions mieux de faire aussi : sortir ce débat de l’arène politique. La réforme des pensions a été préparée par une équipe dirigée par Frank Vandenbroucke. Eh bien, il faudrait aussi qu’une commission d’experts prépare le tax shift en silence ».

Sous la houlette de Michel Maus?

Michel Maus: (rires) Je suis candidat, oui. Très certainement. Enfermez-moi trois jours avec quelques collègues dans une maison à Poupehan, et je suis convaincu qu’on aura un plan. On pourrait réfléchir en toute liberté aux grandes lignes, sans devoir tenir compte des militants. Parce qu’alors n’on ne va jamais nulle part.

Où en est le gouvernement fédéral avec le tax shift à votre avis?

Nulle part. Il n’a fait qu’enfoncer des portes ouvertes. Qu’on ne peut continuer ainsi. Que les charges sur le travail sont trop élevées. Que toutes les organisations internationales font les mêmes recommandations : déplacer les charges vers la fortune, la consommation et l’environnement. Mais, rien n’a encore été fait.

Comment faudrait-il s’y prendre?

Comme Ronald Reagan l’a fait en 1986, lorsqu’il était président des États-Unis. Il a fait baisser la pression fiscale sur le travail de 50 à 39%. Ça au moins c’était un tax shift.

Et où a-t-il déplacé ces charges ?

Notamment vers les plus-values sur les actions.

N’est-ce pas étrange pour le parrain du néolibéralisme?

On peut reprocher beaucoup de choses à Reagan, mais sa devise était bonne : un impôt doit être neutre pour les revenus. Je suis totalement d’accord avec ça. Toute forme de revenu doit être imposée de la même façon, peu importe l’origine. Pour Reagan, il n’y avait aucune différence que vous tiriez ce revenu du travail ou d’une fortune.

N’est-ce pas une idée typiquement de gauche?

Il faut croire que non même si je suis toujours dépeint comme un demi-communiste quand j’évoque un impôt sur la plus-value. Mais c’est ce qu’il faut faire, un revenu est un revenu. Les excès sont trop importants.

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