© Belga

Maggie De Block: « L’Europe est perdue »

Le Vif

Si Maggie De Block se dit touchée par la problématique des réfugiés, elle sait aussi, en tant qu’ancienne Secrétaire d’État à l’Asile et l’Immigration, l’immense complexité de ce dossier. Interview.

La Secrétaire d’État à l’Asile et l’Immigration du gouvernement Di Rupo (décembre 2011-octobre 2014) revient sur la crise des migrants en Europe dans une interview accordée à De Zondag. Extraits.

« C’est tragique que cela coûte chaque jour la vie à autant de personnes. Mais je ne sais que trop à quel point cette problématique est difficile ». Elle se tait quelques instants avant de préciser : « J’ai l’impression que l’Europe est perdue et qu’elle ne sait plus quoi faire. Même Angela Merkel ne trouve pas de solution. »

Karel De Gucht est très dur envers les responsables politiques : « j’ai envie de vomir lorsque je vois de quelle manière le problème est traité par ma patrie l’Europe. »

« Je pense comme lui qu’on doit s’y prendre différemment. Sept pays européens, et parmi ceux-ci on retrouve la Belgique, accueillent 85% des réfugiés. Il devrait y avoir une meilleure répartition. La situation est bien sûr nourrie par les réseaux de passeurs. Ces derniers nourrissent la chimère que les réfugiés recevront facilement une maison dans ces pays. C’est aussi pour cela que les réfugiés ne veulent pas rester dans des pays comme la Hongrie, la Grèce ou l’Italie.

Est-ce que les réfugiés devraient obtenir un statut spécial comme le suggère Bart De Wever ?

Je trouve qu’on devrait au moins ouvrir le débat. Je m’aligne en cela sur Gwendolyn (Rutten, présidente de l’Open VLD). Pour le reste j’ai décidé de ne plus rien dire sur le sujet.

Vous occupez depuis presque un an le poste de ministre des Affaires sociales et de la Santé publique. Êtes-vous toujours aussi enthousiaste ?

Je sens que les choses bougent. Par exemple le plan d’avenir avec les entreprises pharmaceutiques. C’est une première en Europe. Le secteur obtient une baisse des charges et les prix des médicaments baissent. Le patient va immédiatement en sentir les bénéfices. Le projet de réforme des hôpitaux est aussi lancé. Les hôpitaux doivent cesser de se faire la guerre et davantage se spécialiser. Je veux cesser cette dynamique de concurrence en organisant le financement sous forme de réseaux. Les hôpitaux doivent oser rediriger des patients. Cela permettrait de mieux lutter contre le gaspillage.

Est-ce que les hôpitaux partagent cette vision ?

Ce n’est pas une question de vouloir, on doit tout simplement faire cette réforme. Près de la moitié de nos hôpitaux ne sont pas en bonne santé financière. On ne va pas attendre que des hôpitaux soient en faillite et qu’un huissier mette les patients dehors pour intervenir. Il y a urgence et les médecins le comprennent.

L’économiste spécialiste de la santé Lieven Annemans dit que le plus gros défi des soins de santé est d’assurer leur accessibilité. Aujourd’hui, beaucoup de gens reportent les soins parce qu’ils ne peuvent se les payer. Êtes-vous d’accord avec cela ?

Tout à fait. On parle même d’un petit 10% de la population. C’est inacceptable. Nous avons déjà introduit des mesures comme le tiers payant obligatoire. Ce qui fait que les personnes à bas revenus ne payent plus que 1 euro la consultation chez le médecin. Le reste est réglé directement par la mutuelle. Cela touche tout de même 1.8 million de personnes. Tout comme l’obligation de prescrire le médicament le moins cher. Et il y a aussi la taxe sur les boissons sucrées dans le cadre du tax shift.

(De Zondag/ Paul Cobbaert)

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire