Olivier Mouton

M. Michel, arrêtez ce massacre : Jacqueline Galant n’est plus crédible

Olivier Mouton Journaliste

La  » ministre de l’Immobilité  » (dixit la N-VA) multiplie les bourdes, les approximations et les erreurs politiques. Jusqu’à torpiller le RER en direct. Comment le Premier ministre Charles Michel peut-il encore lui faire confiance ?

Combien de temps le Premier ministre supportera-t-il encore les approximations de sa ministre de la Mobilité ? Mis à part sa grande popularité dans la région de Jurbise, on est aujourd’hui en droit de se demander ce qui a amené le clan Michel à la nommer ministre voici un an et demi, si ce n’est pour services rendus ? Surtout : les heures de la « ministre de l’Immobilité », comme on la raille désormais à la N-VA, sont-elles enfin comptées au fédéral ?

Ces questions, on se les pose aux quatre coins de la Belgique depuis pratiquement l’entrée en fonction de la Suédoise. Avec un sourire aux lèvres, initialement : ses bourdes au sujet des chiffres d’économies à la SNCB, d’emblée, ont fait les choux gras des humoristes. On pouvait alors mettre cela sur le compte de l’inexpérience ou d’un nécessaire apprentissage de dossiers complexes. Au fil du temps, des grèves et des retards, les sourires ont cédé la place aux soupirs d’exaspération.

La Belgique est engluée et la mobilité est devenue un enjeu politique majeur avec ses implications économiques, environnementales, pour la santé. De la réforme de la SNCB au survol aérien en passant par le désengorgement de la capitale, les dossiers urgents s’accumulent. Dans notre pays bloqué par son fédéralisme de confrontation, on a besoin d’un format de Première Division à la tête du département, capable d’apporter des solutions créatives et de fédérer les énergies. Tout le contraire de celle qui occupe ce strapontin.

Dans le dossier de couverture du Vif consacré cette semaine à ce brûlot, Boris Dilliès (MR), président de la commission parlementaire bruxelloise des Infrastructures, dénonce justement la façon dont le dossier des tunnels a été mal géré dans la capitale. Bruxelles, dit-il, donne l’image d’une « sous-préfecture de province ». Fort bien. Mais la Belgique, pour sa part, crée la perception d’un pays chaotique, géré à la petite semaine.

Certes, dans le dossier RER, Jacquelin Galant n’a « commis » qu’une déclaration malencontreuse devant la Chambre, comme d’autres de ses collègues avant elle. La ministre a, en outre, embarrassé son propre parti avant tout : l’annonce – « mal interprétée » selon elle – d’une marche arrière sur le passage de deux à quatre voies en Brabant wallon a avant tout étranglé de stupeur des bourgmestres libéraux, dont… son propre chef de file Charles Michel, qui tient à son maïorat de Wavre comme à la prunelle de ses yeux. Mais ce faisant, elle a donné aussi l’impression de trahir les francophones en capitulant en rase campagne face à la Flandre : les quatre voies sont déjà d’actualité au nord du pays. Enfin, corrigée illico par le Seize, elle a une nouvelle fois donné l’impression… qu’elle ne comprend en réalité rien aux dossiers dont elle a la charge.

Jacqueline Galant donne l’impression qu’elle ne comprend rien aux dossiers dont elle a la charge

Après le chaos bruxellois, Charles Michel a annoncé qu’il reprendrait la main. Las : le Comité de concertation au cours duquel… vingt ministres se sont retrouvés n’a rien délivré, si ce n’est des quolibets d’après-réunion. Jacqueline Galant, dit-on, s’est tue dans toutes les langues lors de cette réunion au cours de laquelle elle n’avait « pas de point à l’ordre du jour ». Dès lors qu’elle s’exprime, c’est pour provoquer de nouvelles railleries. On pensait déjà que ses jours étaient comptés après la gestion « hasardeuse » – au minimum… – de la désignation du cabinet d’avocats Clifford. Cette fois, la gaffe n’est peut-être pas une faute, mais son image semble définitivement entachée.

On peut légitimement comprendre que le Premier ministre ait, au jour le jour, d’autres chats à fouetter que les tunnels bruxellois ou les quatre voies de la Wallonie. Guy Verhofstadt, en son temps, avait pourtant bien repris le dossier de la mobilité des mains de l’écologiste Isabelle Durant, pour donner une nouvelle impulsion. Cette fois, on est franchement en droit de se demander si la solution ne devrait pas être plus radicale : changer de ministre, nommer un expert du dossier capable de mettre de l’huile dans les rouages.

En trois mots comme en cent : arrêter le massacre.

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