Jean-Charles Luperto © Belga

Luperto démissionne de la présidence du Parlement de la FWB

Le président du parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles, Jean-Charles Luperto (PS), a annoncé lundi sa démission à la suite de révélations de soupçons d’outrage public aux moeurs en présence de mineur(s) de moins de 16 ans qui le concernent.

« Afin d’assurer ma défense dans la sérénité et compte tenu que les accusations dont je fais l’objet, nuisent à l’autorité indispensable au bon fonctionnement des institutions, je crois utile d’une part de démissionner de ma fonction de président du Parlement de la Fédération Wallonie Bruxelles et d’autre part, de procéder à la désignation d’un échevin en qualité de bourgmestre faisant fonction de la Commune de Sambreville », explique Jean-Charles Luperto dans un communiqué transmis par ses avocats, Mes Marc Preumont et Pascal Rodyens.

« Ces décisions n’impliquent de ma part aucune reconnaissance d’une quelconque culpabilité pénale et j’estime pouvoir bénéficier, comme tout citoyen, de la présomption d’innocence, garantie démocratique de notre état de droit », ajoute-t-il.

Luperto, une des étoiles montantes du PS, avait déjà fait l’objet d’une plainte

Le président démissionnaire du parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles, Jean-Charles Luperto, apparaissait comme une étoile montante du PS jusqu’à dimanche lorsqu’ont été révélés des soupçons d’outrage public aux moeurs en présence de mineur(s) de moins de 16 ans.

Il a annoncé sa démission lundi du perchoir de cette assemblée « afin d’assurer (sa) défense dans la sérénité », dans un communiqué transmis à l’agence Belga par ses avocats, Mes Marc Preumont et Pascal Rodyens.

Agé de 40 ans, M. Luperto, licencié en journalisme de l’ULB, qui a suivi aussi une formation en criminologie, siège au parlement wallon depuis 2004. Il avait auparavant été, à partir de 1999, collaborateur parlementaire du groupe socialiste de la Chambre avant de devenir, en 2001, premier échevin dans sa commune, Sambreville.

Président du Centre hospitalier régional du Val de Sambre à la même époque, il a, comme député wallon, présidé la commission de l’emploi, de l’économie, de la formation, du commerce extérieur et du patrimoine.

Elu bourgmestre de Sambreville en 2006, il décroche plus de 15.000 voix de préférence dans sa circonscription aux dernières élections régionales.

Il avait défrayé la chronique pour un coup de fil anonyme d’insultes et de menaces qu’il avait adressées en 2007 – pour plaisanter, dit-il – à son collègue le bourgmestre de Jemeppe-sur-Sambre, Joseph Daussogne (PS tout comme lui), qui avait porté plainte.

La procédure judiciaire avait suivi son cours, mené à une levée d’immunité parlementaire pour M. Luperto, et abouti à un non-lieu en chambre du conseil.

Il avait accédé à la présidence du parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles après les élections régionales de 2009 et le PS l’avait reconduit dans cette fonction après le scrutin du 25 mai dernier.

Il a démissionné lundi après avoir fait l’objet de quatre plaintes déposées entre avril et octobre derniers. Selon les informations du parquet de Namur, il est soupçonné d’outrage public aux moeurs en présence de mineur(s) de moins de 16 ans.

Qualification d’outrage public aux moeurs en présence de mineur(s) de moins de 16 ans

La qualification retenue par le parquet de Namur à l’encontre de Jean-Charles Luperto, bourgmestre de Sambreville, député wallon et président du parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles, est l’outrage public aux moeurs en présence de mineur(s) de moins de 16 ans, a indiqué lundi le procureur du Roi de Namur, Vincent Macq, lors d’une conférence de presse au palais de justice de Namur.

Un procès verbal a été adressé au parquet en mai dernier concernant un outrage public aux moeurs.

Depuis, une enquête est en cours et des témoins ont été auditionnés. D’audition en audition, d’autres faits ont été révélés. Le procureur évoque quatre faits distincts se déroulant à des moments différents entre avril et août 2014 (ndlr: août, mois lors duquel auraient eu lieu les derniers faits, mais la période visée par le réquisitoire du parquet s’étend d’avril à octobre 2014). Le dossier a été mis à l’instruction le 14 octobre dernier. « Les indices étaient suffisants pour ordonner des perquisitions », a poursuivi Vincent Macq.

Quatre perquisitions ont donc été jusqu’à présent effectuées: une au domicile privé de M. Luperto et une à l’administration communale de Sambreville dimanche, ainsi qu’une au parlement wallon et une autre dans ses bureaux du parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles lundi. Ordinateurs, tablettes, smartphones, et autre matériel informatique comme des clés USB, des DVD, des CD, etc, ont été emportés lors de ces perquisitions. Tous ces objets seront analysés. « Il y a beaucoup de choses à vérifier », a indiqué Vincent Macq, qui insiste à nouveau sur la présomption d’innocence de Monsieur Luperto.

Jean-Charles Luperto n’a pas encore été auditionné. Il le sera dans les prochains jours. « A ce stade, nous n’en sommes pas encore à la levée de l’immunité parlementaire », a ajouté le procureur. Parmi les autres devoirs d’enquête, une expertise psychologique de Jean-Charles Luperto pourrait être réalisée si cela s’avère nécessaire.

Théoriquement, si la prévention d’outrage public aux moeurs en présence de mineur(s) est déclarée établie par un tribunal, le prévenu encourt jusqu’à trois ans de prison. « Nous n’en sommes évidemment pas là », a encore commenté Vincent Macq.

Grande prudence dans les groupes politiques wallons

Les groupes politiques du parlement wallon observaient avec une grande prudence lundi l’évolution du dossier Luperto, du nom du président du parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles Jean-Charles Luperto (PS), soupçonné par le parquet d’outrage public aux moeurs en présence de mineur(s) de moins de 16 ans, mais qui n’est pas inculpé par la justice.

Le groupe MR au parlement wallon s’est dit abasourdi des suspicions portées à l’encontre du président du parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles Jean-Charles Luperto (PS).

Il renvoie toutefois au PS et à l’intéressé le soin de se positionner sur la question. « Ce n’est pas à nous de le faire », concernant cette affaire privée, indiquait-on dans le principal parti wallon d’opposition.

Le souvenir de l’affaire Trusgnach – des faits de moeurs reprochés en 1996 par un jeune homme de 16 ans au vice-Premier ministre PS de l’époque Elio Di Rupo, qui s’étaient révélées mensongères – reste dans les mémoires des responsables politiques, qui insistent dès lors la présomption d’innocence.

« Aucun commentaire, laissons la justice faire son travail », commentait-on chez Ecolo. Le groupe cdH ne disait pas autre chose.

Le PS en matinée avait refermé la communication, disant ne disposer à ce stade « d’aucune information » et attendre « que la justice fasse la lumière sur cette affaire ». Jean-Charles Luperto, pour sa part, restait injoignable.

Le premier échevin de Sambreville soutient son bourgmestre

Le premier échevin de Sambreville, Denis Lisélélé, a indiqué lundi après-midi qu’il maintenait sa confiance dans son bourgmestre, Jean-Charles Luperto, par ailleurs député wallon et président du parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles, soupçonné d’outrage public aux moeurs en présence de mineur(s) de moins de 16 ans.

« Il va de soi que je le soutiens. Je n’ai aucune raison de ne pas le soutenir. Laissons la justice faire son travail », a commenté M. Lisélélé.

Le premier échevin a regretté l’emballement médiatique qui a eu lieu depuis dimanche, jour où des perquisitions ont été effectuées au domicile de M. Luperto et à l’administration communale de Sambreville. « La presse s’érige en tribunal populaire. Quelqu’un n’a même pas encore ouvert la bouche qu’il est déjà condamné », a-t-il déploré. Il a souligné l’intelligence et l’efficacité du bourgmestre de Sambreville.

Selon lui, le prochain conseil communal de Sambreville se déroulera le 26 novembre sous réserve de modifications en fonction de la tournure que prennent les événements. M. Luperto n’est actuellement pas inculpé et n’a d’ailleurs pas encore été entendu par les autorités. Il sera auditionné dans les prochains jours.

La question de son remplacement éventuel ne s’est pas encore posée au sein du collège.

Pour M. Lisélélé, la justice doit d’abord se prononcer et ce sera ensuite au Parti socialiste à décider d’éventuelles mesures. « Si ça ne tenait qu’à moi, même si M. Luperto était inculpé, je continuerais à travailler avec lui. On ne peut pas s’avancer tant qu’on n’a pas le jugement final », a-t-il souligné.

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