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Les pauvres se contentent trop souvent de « sous-droits »

Le Service de lutte contre la pauvreté, la précarité et l’exclusion sociale a publié lundi son 9e rapport bisannuel pour la période 2016-2017. Trop souvent, les personnes en situation de pauvreté se contentent de « sous-droits ». Au-delà des difficultés matérielles, cela les empêche de participer activement à la société, analyse l’organisme public.

Le Service insiste sur l’urgence à rendre plus effectifs les droits fondamentaux des plus pauvres. Ces citoyens doivent souvent se contenter de droits au rabais, par exemple d’une adresse de référence (pour garantir leur inscription dans les registres de la population) au lieu d’un toit, ou de colis alimentaires qui ne répondent pas durablement au droit à l’alimentation.

Les règles remettent en question le simple droit de vivre en famille, ainsi que la solidarité entre amis dans le besoin, estime le Service. La colocation, qui se développe comme moyen d’accéder à un logement abordable, ou la cohabitation sont de fait très compliquées pour les individus qui dépendent des allocations. « Un homme isolé avec enfant et une femme isolée avec enfant qui perçoivent chacun environ 1.200 euros de revenu d’intégration sociale ne recevront ensemble que 1.200 euros, et non pas 2.400 euros », déplore ainsi un participant au rapport.

Le bénévolat illustre aussi ce traitement inégal des citoyens. Les personnes démunies qui reçoivent des allocations et souhaitent s’investir dans une activité bénévole ne sont pas libres de leurs actes. Elles doivent se justifier et déclarer cette activité à leur organisme de paiement. « Trop d’ambiguïté et d’incertitudes demeurent parmi les personnes impliquées quant aux conséquences possibles du bénévolat », relève Françoise De Boe, coordinatrice du Service.

Plus globalement, le rapport souligne que les personnes en situation de pauvreté subissent plus que les autres une pression sur la vie privée. « N’existe-t-il pas trop souvent une vie privée à deux vitesses? D’un côté, on demande aux personnes démunies de se mettre à nu, on exige d’elles une transparence totale dans la fourniture d’informations. De l’autre, elles n’ont pas suffisamment accès aux rapports que de nombreux services et administrations possèdent à leur sujet », constate Mme De Boe. « Le Service recommande de s’interroger sur la proportionnalité des mesures de contrôle par rapport aux objectifs visés. »

Intitulé « Citoyenneté et pauvreté », le rapport 2016-2017 est le « fruit d’un long processus de dialogue entre des personnes qui vivent en situation de pauvreté, des associations, des administrations et des professionnels de nombreux secteurs ». Il a été remis à la Conférence interministérielle de l’intégration sociale et de l’économie sociale, une structure de coopération permanente entre l’Etat fédéral, les Communautés et les Régions.

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