Les épargnants (s’)épargnent

Les écureuils ne sont pas contents, redoublent de prudence mais s’accrochent aux arbres protégés par l’Etat. Sondage exclusif sur l’épargne et l’argent des Belges.

Une brique dans le ventre et un compte d’épargne à la banque : le Belge moyen n’en démord pas et continue d’épancher sa soif de stabilité et de sécurité dans l’immobilier et un (petit) capital mobilier… très peu mobile. Plus de 83 % des écureuils du royaume continuent à épargner tant mal que bien, malgré la crise économique et malgré les pertes que l’inflation inflige actuellement à leur épargne de plus en plus chichement rémunérée. Certes, plus de 16 % des Belges n’arrivent pas ou plus à mettre de l’argent de côté à la fin du mois, mais près de la moitié de ceux qui y arrivent encore déposent mensuellement entre 100 et 500 euros sur leur compte d’épargne.

Si on ajoute les privilégiés – plus flamands que francophones – qui peuvent encore différer la jouissance de 1 000 euros mensuels, on arrive aux 60 %. Les jeunes espèrent surtout financer leur future maison tandis que les quadras et les quinquagénaires pensent surtout à leur future pension qu’il s’agit ainsi de relever. De manière générale, l’épargne est une réserve pour des lendemains désenchanteurs. Une pomme pour la faim.

Les épargnants que nous sommes épargnent aussi sur leurs dépenses courantes. Au cours des derniers mois, la crise nous a obligés à couper dans divers postes budgétaires familiaux. Les restos ( 70 %), les vêtements (55 %) les loisirs (38 %), l’énergie (36 %) et les cadeaux (32 %) en font les frais. Presque tout le monde est devenu « plus prudent » dans ses dépenses. C’est ainsi qu’un consommateur sur quatre a délaissé les marques chères pour d’autres qui le sont moins.

Cette « flexibilité » ne se vérifie toutefois pas dans le comportement de l’épargnant et dans son attitude vis-à-vis de « sa » banque. Il est tout à fait conscient du fait que son carnet non seulement ne produit que des intérêts de plus en plus maigres, mais aussi que le taux d’inflation dépasse à présent les taux d’intérêts. Que, donc, il perd de l’argent en le laissant sur son carnet classique. Une raison d’être mécontent (85 %) bien sûr. Et pourtant, l’épargnant se sent captif. Il n’entrevoit pas d’alternative ou avoue ne rien y connaître (79 %). Il semble même garder confiance dans sa banque. A la question « Avez-vous vous enlevé votre argent de la banque parce que vous ne lui faites plus confiance ? », il répond « non », à raison de 77 %.

Un sondé sur trois ne place pas – actuellement – son argent ailleurs que sur son carnet. Changer de plan ? On y songe oui, « dans l’avenir ». Quelque 57 % envisagent donc de placer de l’argent dans des actions, des bons d’Etat, des fonds d’investissement ou des fonds éthiques .

La prudence l’emporte néanmoins. Elle inspire aux épargnants la répartition des avoirs entre plusieurs institutions financières. Deux sur trois répartissent leur dépôts entre plusieurs banques. Une pratique encouragée par la garantie d’Etat sur 100 000 euros par dépôt et par compte. Un ménage sur cinq est client chez trois banques. Ce sont les clients des plus grandes institutions belges (Fortis, Belfius, ING, KBC) qui sont aussi les plus nombreux à leur être exclusivement fidèles. Néanmoins, autour de 40 % des clients de Fortis et de Belfius ne sont pas des inconnus chez trois autres concurrents.

Pierre SchöffersComment doper votre épargne ! Un grand dossier dans Le Vif/L’Express de la semaine du 16 au 22 novembre 2012.

Le sondage L’Argent des Belges a été réalisé en octobre 2012 via Internet par Roularta Media Group avec la collaboration de Centea/Crédit agricole et se base sur 2445 réponses, dont 40,4% de francophones et 59,6 % de flamandes. Les employés et les fonctionnaires représentent 37 % de l’échantillon et les pensionnés 29 %.

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