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Les dessous du succès du travail à temps partiel

Marie Gathon
Marie Gathon Journaliste Levif.be

Une étude SD Worx révélait cette semaine que de plus en plus de personnes travaillent à temps partiel (surtout des hommes), comparant les chiffres de 2008 et 2015. L’organisation syndicale CNE a tenu à nuancer ces chiffres.

Le temps partiel n’est pas à la portée de tous, selon le syndicat chrétien. « D’abord parce qu’il faut pouvoir se le permettre financièrement, ensuite parce qu’il faut pouvoir le négocier avec son employeur « , explique Tony Demonté, secrétaire général adjoint de la CNE. « En réalité, ce temps partiel volontaire n’est donc pas accessible pour la majorité des travailleuses et travailleurs. »

Par ailleurs, même dans les cas où le temps partiel est obtenu à la demande de la travailleuse ou du travailleur, il faut s’interroger sur les contraintes sociales, économiques et culturelles qui guident ce « choix » : « On constate encore et toujours que lorsque la question de la conciliation entre la vie professionnelle et la vie familiale se pose, c’est majoritairement la femme qui diminue son temps de travail. Notamment parce qu’elle gagne moins (et donc, perd moins), parce que notre société lui attribue ce rôle.« 

Ensuite, s’il est vrai que certaines personnes choisissent de diminuer leur temps de travail, elles ne représentent pas la majorité des temps partiels, selon le syndicat chrétien qui constate que la hausse du temps partiel volontaire ne révèle pas, comme le prétend la FEB, d’une demande de flexibilité de la part des travailleurs, mais un besoin indéniable de travailler moins.

« Notre connaissance du terrain nous permet également d’affirmer que la majorité des temps partiels sont subis par les travailleurs. Dans certains secteurs, typiquement féminins, comme le Non Marchand et le Commerce, mais aussi le nettoyage et l’horeca, par exemple, il est quasiment impossible d’obtenir un temps plein. L’employeur préférant jouer avec deux personnes à mi-temps qu’une personne à temps plein, il ne propose que des temps partiels. On voit donc que cette formule répond avant tout à la flexibilité voulue par les entreprises« , commente Tony Demonté.

Des inconvénients pour les travailleurs

Les conséquences du temps partiel sont défavorables pour les travailleurs concernés, puisque leur salaire est plus bas, parfois sous le seuil de pauvreté dans certains cas. Ces travailleurs obtiennent également des droits plus faibles en matière sécurité sociale (allocations, pensions…) et ont des perspectives d’évolution de carrière plus étroites.

De plus, selon le syndicat, le temps partiel ne signifie pas forcément une meilleure conciliation entre vie professionnelle et vie privée. »Dans de nombreux secteurs, les prestations se déroulent tôt le matin ou le soir… ou selon des horaires variables, ce qui rend l’organisation de la vie et l’éventuelle combinaison de plusieurs temps partiels particulièrement difficiles. Sans oublier que le gouvernement Michel a décidé de diviser par deux l’allocation de garantie de revenu (AGR) après deux ans. Cette mesure produira ses premiers effets à partir du 1er janvier prochain. Les désavantages du temps partiel frapperont alors encore plus fortement les travailleuses et travailleurs qui le subissent. »

La CNE plaide donc une nouvelle fois pour une réduction collective du temps de travail : « Cette formule a l’avantage de répondre à un besoin criant des travailleurs de lever le pied, en rendant cette diminution du temps de travail accessible au plus grand nombre. Les temps pleins peuvent ralentir, les temps partiels sont revalorisés puisque l’ensemble de leurs droits sont proportionnels, et les sans-emploi ont l’opportunité d’en trouver un« , conclut Tony Demonté.

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