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Les Belges sont inquiets au sujet de leur pension (enquête)

Près de quatre Belges sur dix et de la moitié des indépendants ne se sentent pas suffisamment protégés par la Sécurité sociale, est-il ressorti mardi de l’enquête nationale sur les pensions de Delta Lloyd Life.

Près de 70% de la population craint que sa pension légale sera insuffisante. Par ailleurs, le Belge surestime l’âge de sa retraite et le nombre d’années qu’il travaille effectivement avant d’y parvenir.

Les Belges souhaiteraient prendre leur pension à 60,4 ans, loin des 67 ans en 2030 comme envisagé par les négociateurs de la coalition suédoise, selon l’enquête. Les indépendants sont eux moins pressés et envisagent d’arrêter de travailler à 62,5 ans.

Le système actuel inquiète les Belges: 68% estiment que leur pension légale sera insuffisante et 63% que les soins de santé seront impayables. Plus de la moitié de la population doute même que les pouvoirs publics pourront encore assumer leur pension à l’avenir. La perception des Belges est erronée en matière de pensions, constate également Delta Lloyd Life. Ils considèrent ainsi que l’âge moyen de la retraite est de 59,8 ans et que le nombre moyen d’années de travail pour y parvenir est de 36,4, au lieu des 32,2 en réalité.

A contrario, ils sous-estiment le nombre d’années qu’il leur reste à vivre après leur retraite: 16,9 au lieu de 24,2. Pour compenser la diminution de protection sociale qu’ils pressentent, 55% des Belges – et 63% des indépendants – envisagent de prendre des dispositions supplémentaires (épargne, assurance complémentaire, etc.).

Pour près d’un tiers de la population, le maintien du financement du premier pilier passera par un allongement de la carrière. « Des mesures urgentes doivent être prises, mais les citoyens doivent aussi prendre leur responsabilité », a commenté la secrétaire générale de l’Union des Classes moyennes (UCM), Christine Lhoste, qui a également plaidé pour qu’un système de deuxième pilier puisse être développé pour les indépendants en personne physique. « Le financement de la Sécurité sociale par les indépendants n’est pas équitable, cette discrimination doit être remise à plat. Augmenter encore leur contribution serait catastrophique. L’effort doit être mieux réparti », a-t-elle conclu.

Les résultats montrent qu’une réforme profonde est nécessaire, a commenté Frank Vandenbroucke, qui a présidé la commission de réforme des pensions. L’ancien ministre a refusé de commenter l’accord de principe entre les négociateurs pour la formation d’un gouvernement fédéral qui prévoit de relever l’âge légal de la pension. Il a insisté sur la nécessité, selon les conclusions de la commission, d’introduire dans le système des règles qui pourront être ajustées progressivement, plutôt que de fixer maintenant l’âge de la pension en 2020 ou 2030. « Nous sommes à un point de rupture. L’alarmisme n’est pas de mise, mais il faut un nouveau contrat social pour rétablir la confiance. » M. Vandenbroucke a rappelé que la commission avait étudié différents scénarios. Pour relever l’âge de la pension, « la politique d’emploi et un financement supplémentaire seront essentiels, réduire les dépenses ne sera pas suffisant », a-t-il souligné.

L’ancien ministre a également insisté sur la nécessité d’une forte concertation sociale pour faire face aux défis posés par les pensions. « La problématique concerne l’ensemble de la société, la réponse doit être organisée collectivement, avec les syndicats, patrons, classes moyennes, etc. » M. Vandenbroucke a conclu en plaidant pour une « révolution du marché du travail », qui permettrait « d’augmenter la liberté et la maîtrise qu’ont la majorité des travailleurs de leur projet professionnel », ce qui modifierait la perception qu’ils ont de leur carrière et leur pension.

Mille Belges de 18 à 64 ans ont été interrogés en ligne en avril dernier pour la réalisation de l’enquête.

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