Stefaan Van Hecke

Le prince Philippe sera roi avant que la fonction ne devienne protocolaire

Stefaan Van Hecke Stefaan Van Hecke est chef de groupe de Groen-Ecolo dans la Chambre.

Suite à la passation de pouvoirs aux Pays-Bas, les débats concernant le rôle du roi font rage. Au coeur du débat, il y a l’avenir de la monarchie. Celle-ci a besoin d’une modernisation fondamentale. Notre époque demande d’autres lois et une autre approche. C’est pourquoi Groen plaide pour une monarchie du 21e siècle, sans rôle politique pour le roi.

Il existe de nombreuses raisons à préférer un rôle cérémoniel pour la monarchie. L’impact politique du roi est incompatible avec nos idées modernes en matière de démocratie. Il n’est pas logique que quelqu’un qui ne soit pas élu démocratiquement, mais qui a reçu le pouvoir par sa naissance, puisse exercer autant d’influence sur la politique. On se rappelle tous de l’impasse provoquée par le refus du roi Baudouin de ratifier la loi sur l’avortement votée dans le parlement. Tout le travail parlementaire et législatif a manqué s’enliser. Il s’agit effectivement d’un cas unique, mais un roi ayant un tel pouvoir politique n’est plus possible en 2013. Et malgré les nombreuses promesses, 23 ans après la « crise de l’avortement », rien n’a été fait pour limiter le rôle joué par le roi dans la formation du gouvernement. Cependant, les tâches du roi ne se limitent pas à la ratification de lois. D’autres tâches, telles que le rôle joué par le roi lors de la formation du gouvernement, la nomination et le licenciement de ministres et de secrétaires d’État, l’octroi de grâces feraient mieux de disparaître de la fonction du « nouveau » roi.
Même chose pour les dotations à la famille royale. Il vaut mieux les limiter fortement. En effet, pourquoi la famille royale ne devrait-elle pas se serrer la ceinture quand tout le monde fournit un effort ? Il n’est plus possible que tous les enfants du roi reçoivent une dotation. C’est aussi ce qu’un groupe de travail a validé (et qui a été repris dans l’accord institutionnel) : seul l’héritier direct du prochain roi profitera d’une dotation, pas ses plus jeunes enfants. Le groupe de travail est parti du principe que cette nouvelle disposition s’appliquera uniquement à l’avenir. Après les discussions récentes sur les dotations de la reine Fabiola et sa tentative de construction fiscale, il faut passer à l’étape suivante et mettre les nouvelles dispositions en place plus rapidement.
En outre, il faut mettre fin à l’opacité qui entoure les revenus et les dépenses de la famille royale. La transparence est la moindre des choses à laquelle tous les Belges ont droit.

Il va de soi que pour certaines personnes le roi symbolise l’unité du pays. Mais le roi continue à exister sans cette fonction politique, avec un rôle cérémoniel. Laissez le roi couper des rubans, inaugurer des bâtiments, assister à des événements importants… Et pourquoi un prince héritier (ou une princesse héritière) ne pourrait-il (elle) pas diriger des missions commerciales ? Sa présence peut représenter une plus-value et ouvrir certaines portes plus rapidement. Et qui sait le « nouveau roi » peut établir une certaine forme d’autorité susceptible d’apporter calme et stabilité en temps de crise. Cependant, en 2013 , il n’est pas étrange de plaider en faveur d’un roi qui n’a plus de pouvoir décisionnaire politique.

Par conséquent, une modification de la constitution s’impose. En 2010, Groen avait déjà tenté de proposer un nombre d’articles constitutionnels concernant le roi. Cependant, cette tentative s’est enlisée lorsque Open VLD a débranché la prise du gouvernement et a précipité le pays dans une nouvelle crise. Une nouvelle opportunité s’offre en 2014. Si le parlement est dissolu, il peut établir une liste des articles de la constitution déclarés susceptibles de révision et puis, après les élections, décider d’instaurer la fonction protocolaire pour le roi.

Malgré une grande unanimité parmi les partis politiques, en tout cas devant les caméras, sur la nécessité d’un « rôle » moderne pour la monarchie, une modification de la constitution pourrait se faire attendre encore longtemps. Il semble qu’il y ait une crainte à l’idée de modifier la monarchie. Depuis plusieurs années, les partis politiques nous bombardent de propositions visant à revoir le rôle du roi. Mais quand c’est le moment, tout ce qui a trait à la famille royale disparaît de l’agenda politique. Espérons que l’année prochaine soit un moment de basculement et que les partis classiques tiennent leurs promesses, quand les caméras sont éteintes. Sinon, Philippe sera roi avant que la constitution soit modifiée.

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