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Le peintre et les abeilles

Guy Gilsoul Journaliste

Si la technique de la peinture à la cire d’abeille est ancienne, on songe aux portraits du Fayoum et aux icônes byzantines, le recours à celle-ci par Janise Yntema ne répond pas seulement à la qualité particulière des surfaces obtenue par cette manière.

En réalité, il s’agit d’un choix qui inclut ceux d’une vie. De celui qui, aux bousculades, aux bruits et aux agressions du monde actuel, préfère s’enrichir, en solitaire, au contact d’un paysage. Et par exemple, celui qu’offre la mer. La mer à qui l’artiste abandonne son esprit, ses pensées et son regard. La mer qui toute imprégnée par l’impermanence et son contraire, accueille les mouvances du ciel et des lumières. La mer lointaine, inaccessible et que Janise Yntema aime surtout aux heures du crépuscule naissant ou des aubes endormies. Le bon Corot a écrit de superbes pages sur ce moment où, vers cinq heures du matin, après avoir planté son chevalet du côté de Barbizon, il notait combien de la brume aux brouillards, peu à peu, la nature depuis les lointains, venait à lui, émerveillé. Yntema garde de ces instants fugaces, les noirs et les grisés à peine rosis, une vapeur glissante dans un de couleur bleutée que la cire atténue. Au point sans aucun doute de se sentir unie à l’objet de sa contemplation et par-delà, à la nature entière si vibrante, si vivante mais si fragile. Alors, apparaissent les abeilles, plus fragiles encore, aussi indispensables à la vie des hommes que peuvent l’être les océans et les nuages. Ainsi s’impose l’usage de la cire d’abeille à la fois comme un hommage et un avertissement. Les oeuvres, minimalistes dans leur composition, se laisse regarder comme on fixe le mouvement des vagues. Sans besoin de parole.

Bruxelles, Galerie Marie Demange. 23 Place du Châtelain, Bruxelles. Jusqu’au 30 janvier.www.galeriemariedemange.com

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