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Le Pacte pour un enseignement d’excellence accouche d’une soixantaine de suggestions

Gratuite totale de l’enseignement, abaissement de l’âge de l’obligation scolaire à 3 ans, allongement de la présence en classe, redéfinition des savoirs et compétences à transmettre aux élèves. Telles sont quelques unes des quelque soixante suggestions formulées à l’issue de la première étape du Pacte pour un enseignement d’excellence.

Lancé en janvier dernier par la ministre de l’Education, Joëlle Milquet, ce vaste processus réflexif a pour ambition d’accroître la qualité de l’enseignement francophone en Belgique, et l’adapter aux (nombreux) défis du 21e siècle, notamment en matière de transition numérique.

Les deux premiers groupes de travail ont livré jeudi, à l’occasion d’une conférence de presse, les conclusions de six mois de réflexion. Le premier groupe s’est attaché à dresser un état des lieux du système du système éducatif francophone, en en pointant les différentes lacunes (reproduction des inégalités sociales, démotivation tant des élèves que des enseignants, …), tandis que le second s’est penché sur définir les finalités de l’école de demain.

« Le société d’aujourd’hui n’est plus celle d’hier. Nous évoluons dans un contexte de numérisation de la société, mais aussi de multiculturalité, de mondialisation, et aussi de recomposition des familles », a rappelé Didier Viviers, président du second groupe de travail.

Complétées par une analyse du consultant international McKinsey, ces différentes réflexions ont été concentrées dans un premier rapport d’étape qui avance plusieurs propositions de réforme de l’enseignement, ouvrant ainsi la perspective d’un (très) vaste chantier à concrétiser dans les années à venir. Face à l’important échec et au décrochage scolaire en Fédération, il convient de restimuler le désir d’apprendre auprès des jeunes, préconisent ces experts.

Ainsi, en termes de contenu, il faut repenser les apprentissages utiles aux adultes de demain, tant en matière numérique, que linguistique, mais aussi de formation à la citoyenneté, ou de pensée critique face à un monde de plus en plus complexe.

Pour renforcer ce bagage, les élèves devraient tous disposer d’un tronc commun de cours jusqu’à 15 ans, voire 16 ans, lequel devrait intégrer différentes disciplines générales, mais aussi techniques et culturelles. Un abaissement de l’âge de l’obligation scolaire à 3 ans est aussi évoqué.

Pour maintenir les jeunes profs à l’école — 36% d’entre eux abandonnent l’enseignement dans les 5 ans –, le rapport recommande de revoir la formation initiale de ceux-ci –un chantier déjà en cours–, mais aussi d’améliorer substantiellement leur accompagnement en début de carrière, et mettre fin à l’instabilité professionnelle qui caractérise souvent leurs débuts. Les jeunes profs n’ont pas toujours des horaires complets, voire sont souvent contraints de donner cours dans deux ou trois écoles différentes.

Enfin, ce rapport intermédiaire préconise l’adoption d’une stratégie pour parvenir à terme à la « gratuité totale » de l’enseignement, la Ligue des familles dénonçant régulièrement la hauteur des frais scolaires alors que la gratuité scolaire est théoriquement prévue par la Constitution.

Présente jeudi lors de la présentation du rapport, la ministre Joëlle Milquet va mettre l’été à profit pour définir les objectifs et priorités de travail parmi cette soixantaine de suggestions. Une fois approuvées par le gouvernement en septembre prochain, ces priorités seront soumises à quatre nouveaux groupes de travail. Ceux-ci auront pour mission d’élaborer des plans d’action précis qui seront soumis au début de l’été 2016 au gouvernement de la Fédération pour adoption définitive.

La mise en oeuvre des premières réformes devrait alors débuter peu après.

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